Le blog littéraire de Kitty la Mouette : pour que le voyage intérieur chemine sur les fils de la toile, enrichi sans fin des partages et des rencontres... Chroniques, challenges, salons et prix littéraires.
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La position de Schuss ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️
Loris Bardi
Broché : 224 pages
Existe en version numérique
Éditeur : Le Dilettante (26 août 2020)
Langue : Français
Thomas Haberline, chirurgien orthopédiste, a eu la chance (ou pas) de croiser un jour sur son chemin professionnel une galériste connue souffrant d’un hallux valgus, le succès thérapeutique de cette intervention banale l’avait alors propulsé au devant de la scène de la jet-set new-yorkaise. Oui mais voilà ce succès facile ne le comble plus, et il se rêve écrivain. Et pour booster ce départ vers une vie nouvelle de création, il suit l’exemple des plus grands, Hemingway, Bukowski, Faulkner…et s’alcoolise consciencieusement et systématiquement pour que jaillisse en lui l’énergie créatrice. Si celle ci se fait attendre, les dégâts collatéraux, eux, surgissent rapidement.
Epinglant avec beaucoup d’ironie le milieu huppé de la grande Pomme, Loris Bardi malmène ses personnages avec tendresse. Impossible de lui en vouloir à cet anti-héros qui conserve une once de naïveté dans sa recherche de l’épanouissement. On croise aussi de belles figures de femmes, dont Valentina, la galériste, et ses tentatives de rapprochements sino-américains, aux confins de l’art du commerce.
C’est drôle, enlevé, et jubilatoire. Une charmante comédie déjantée, qui a tout d’un roman américain, sinon le format que l’on aurait volontiers souhaité plus consistant. Un premier roman remarquable.
Merci à Babelio et aux Editions Le dilettante pour leur confiance.
C'était pourtant un gamin de 52 ans qui passait sa vie à s'amuser autant dans sa pratique artistique que dans la vie quotidienne, et ce jeune homme semblait ne subir aucune contrainte en dehors des contingences d'évolution du manteau neigeux il avait confié s'être ressenti adulte pour la première fois le jour où il avait acheté un lave-vaisselle.
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L'atelier à l'étage ressemblait à un dépôt d'objets en lente mutation. D'un clavier d'ordinateur émergeaient entre les touches des graines germées ; une préparation à base de chocolat liquide avait été étalée sur une planche de contreplaqué, une structure d'éponge végétale recouverte d'une purée de carotte attendait sous une grande cloche sa mutation biologique.
Ces pièces remisées souvent plusieurs mois procuraient chez Valentine un ravissement à chaque fois qu'elle les voyait réapparaître dans leur altérité constitutive.
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Après une demi-heure, il avait écrit deux phrases, deux phrases qu'il relisait sans cesse afin de prouver leur impact stylistique sur sa propre conscience. La seconde phrase claquait bien il en fut très heureux.
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En voulant me faire mal, je crois avoir atteint ce jour là l'apogée de ma connerie, je parle de cette insensée croyance dans laquelle je m'étais si longtemps fourvoyé : boire pour écrire. J'étais tombé par médiocrité diront certains, je dirais plus par stupidité, par envie, par un mensonge, par naïveté et par égocentrisme. Au bout du compte je n'avais toujours rien écrit et j'étais devenu alcoolique.
Loris Bardi est né à Besançon en 1975. En parallèle de ses études littéraires, il travaille sur les plateaux de cinéma, avant de s’installer à Paris où il entame une carrière de scripte et monteur à la télévision et au cinéma. Il se consacre aujourd’hui à l’écriture ainsi qu’à la réalisation de films documentaires et de créations radiophoniques. (source Le dilettante)
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