Cyril Massarotto
- Broché : 232 pages
- Existe en version numérique
- Éditeur : XO (4 septembre 2008)
- Langue : Français
Premier roman de Cyril Massarotto, lu après Les Dédicaces, dont j’avais beaucoup aimé l’insolence et l’originalité.
Ici , le narrateur, vendeur dans un sex-shop, fait une rencontre stupéfiante, sans avoir nullement fait quoique que ce soit pour ça : bruyamment Dieu fait irruption dans sa vie. Sous la forme d’un interlocuteur qu’il peut solliciter à tout instant et qui peut répondre aux nombreuses questions que se pose tout humain sur le sens de son existence. Toutes les questions, oui, mais les réponses, tout de même pas, certaines devront attendre…
Les conseils semblent cependant être judicieux et ce nouveau pote est un guide précieux au quotidien. Même si cette instance divine se défend bien d’influencer le destin des hommes dont il ne se revendique pas d’être le créateur.
Réflexion sur l’amour, le destin, les aléas de la vie, sur la condition humaine, sans qu’il soit question de religion, une invention humaine dont l’instance divine se contrefout. De même on tire un trait définitif sur la vie après la mort :
« Mais tu espérais quoi ? Une fois mort, il te pousserait des ailes dans le dos et un cerceau sur la tête ? Que tu emménagerais tranquille dans le ciel, et que tu pourrais tailler le bout de gras avec Coluche et Napoléon, et pourquoi pas te refaire la partie de cartes avec Raimu? Et bien non. »
Le ton se veut léger. L’angoisse du narrateur se pare souvent d’un bouclier d’humour. On sourit parfois. On est ému par les drames ordinaires que ne manquera pas de vivre le narrateur. Et Dieu, Déclamant une sombre tirade, fera la démonstration qu’on peut tenir des propos légers et être conscient des atrocités qui se déroulent jour après jour sur cette planète.
La lecture est facile et l’angle d’attaque original. Même si j’ai largement préféré Les Dédicaces.
« DIEU ! »
Tout le monde me regarde, c’est terrible. J’ai crié « Dieu » pile à l’instant où la musique s’est arrêtée, entre deux chansons, et là, non seulement je ne me retrouve pas dans les nuages, mais en plus tout le monde a les yeux braqués sur moi, la mine éberluée.
*
Quand j’ouvre le frigo, je pense à Alice qui ouvrait le frigo, et je me rends compte que ce geste banal ne l’était pas du tout. Quand je fais à manger pour Léo, je pense à Alice qui faisait à manger pour Léo, mais à sa façon, avec ses gestes à elle, avec son sourire ou son air absent, selon les jours. Quand je ne fais rien, je pense à tous les moments où je ne faisais rien alors qu’elle était là, dans la pièce, dans la maison. Si j’avais su, je n’aurais jamais rien fait seul, je n’aurais rien fait mais avec elle, le bras autour de son cou, ou sa tête sur mon épaule. Ne rien faire ensemble, c’était tellement plus que s’activer seul.
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