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Les roses fauves ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Carole Martinez




  • Broché : 352 pages
  • Existe en version numérique
  • Éditeur : Gallimard (20 août 2020)
  • Langue :  Français







Dans ce petit village de Bretagne où la narratrice fait escale pour aller à la rencontre des personnages qui nourriront peut-être son inspiration, tout commence par ce haut-lieu de la communication qu’est le bureau de poste, où les tricoteuses alignées semblent suggérer qu’il y a foule au guichet. Alors que leur présence constitue plutôt un flux d’infos en continu, un réseau social local et prolifique. 

Derrière  le guichet, l’austère Lola, raide, fermée, au delà de ce que son infirmité pourrait lui offrir en prétexte. Issue d’une longue lignée de femmes cruellement éprouvées dans leurs amours et leurs maternités, Rosa se protège en érigeant  autour d’elle des barrières d’austérité, et en exerçant un contrôle méticuleux de ce qui fait sa vie : la poste, le jardin.  


La rencontre des deux femmes fait naître l’histoire du roman qui se construit sous nos yeux, mêlant les légendes d’un autre âge, les errements de l’imagination, induits par les confidences et les secrets révélés des coeurs cousus. 



La lecture est une sorte de parcours en équilibre sur une corde de funambule , et le meilleur moyen pour ne pas chuter est de lâcher prise, et de se laisser porter par les mutiles facettes de ce récit, poétique et onirique, avec de temps à autre un rappel à une réalité tangible, la narratrice en train de créer son oeuvre. 


"Je ne pense pas qu'il y ait une frontière nette entre la réalité et la fiction. Le roman surtout nous entraîne sur des territoires flous, ils occupent les lisières."


On retrouve le style d’écriture de l’autrice, cet qui fit le succès de Coeurs cousus, ou de Du Domaine des murmures. Et il est sans doute préférable de les avoir auparavant lus, pour ne pas se laisser déstabiliser par cette navigation à vue aux confins des rêves  et de la réalité.


Grand plaisir de retrouver la conteuse de talent, qui sait emporter le lecteur dans ses divagations merveilleuses.




Nous faisons nos choix en lisant, Lola sera un bouquet composé à partir de quelques mots écrits et de vos propres souvenirs, de vos propres matériaux intime. Elle sera notre œuvre commune, notre enfant, conçu dans le mi-temps du livre où nous dormons ensemble, lecteur et auteur, mêlés dans un même nid de ronces.

*

Un roman n'est pas un mensonge, puisqu'il ne se présente pas comme la vérité, même s'il s'en donne les apparences. Il peut pourtant contenir plus de réalité qu'un témoignage, permettre de toucher à l'intime, de dire ce qui ne saurait être dit autrement.

*
Pour  avoir la paix, j'accepte ma défaite, je cesse de me débattre, je la laisse se glisser par je ne sais quelle fente  dans le conte que j'écris et je l'observe tandis qu'elle se transforme. Ces bestioles sont des génies question métamorphose : œuf, asticot, nymphe, mouche, personnage. Ce n'est pas la première fois que j'enferme une mouche dans l'un de mes textes pour la faire taire.

*

Depuis toujours, je débroussaille le monde en traduisant la vie en fable. Ma rêverie tord le réel, ce bricolage m'est une sorte de système immunitaire contre la vacuité et l'angoisse.











Carole Martinez, née en , est une romancière française. 
Son premier roman, Le Coeur cousu, sorti discrètement en février 2007, reçoit par la suite de nombreux prix. Du Domaine des Murmures reçoit le Goncourt des lycéens en 2011.

2 commentaires:


  1. Bonjour, je viens de finir le roman et de lire votre critique très intéressante. J’ai juste une réflexion à faire : le prénom de la postière c’est Lola , Rosa étant sa grand mère , celle qui a fait le voyage d’Espagne. Désolée mais ça m’a perturbé 😕

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    1. Merci de me signaler cette erreur que je vais corriger et merci pour votre commentaire

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