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Eleanor Oliphant va très bien ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Gail Honeyman





  • Broché : 432 pages
  • Éditeur : Fleuve éditions (28 septembre 2017)
  • Langue : Français
Traduction (Anglais) : Aline Azoulay-Pacvon






Si j’avais croisé par hasard cette couverture et le titre étrange de cet ouvrage sur un rayonnage de librairie, il y a fort à parier que je l’aurais juste ignoré. Et j’aurais eu bien tort. 


On s’attache tout de suite à la narratrice, cette jeune femme démodée, revêche, solitaire, même au sein de l’entreprise de graphisme où elle s’occupe de la facturation. Ses vêtements confortables mais laids, ses chaussures à scratch, ses petites manies, et surtout la cicatrice hideuse qui la défigure sont autant de prétextes pour  l’isoler de ses collègues.  Si elle vit seule, ses semaines sont ponctuées par ses échanges avec sa mère. Et peu à peu, on devine et on découvre toute la souffrance passée et les circonstances qui ont fait d’elle ce qu’elle est.


Isolée, oui, jusque’à ce qu’elle  fasse connaissance avec l’informaticien de son entreprise, et celui-ci semble percevoir ce que les autres ne voient pas chez Eleanor, tel un prince charmant devant Cendrillon, qui s’entête à vouloir faire essayer la pantoufle de vair à une souillon. 


On assistera peu peu à l’éclosion de la chrysalide, et on apprendra aussi ce que cachent les silences de la jeune femme, et  ce passé traumatisant. 


J’ai beaucoup aimé le portrait d’Eléanor, avec ses fragilités et ses troubles du comportement qui s’apparentent à des traits autistiques, et malgré tout c’est une jeune femme forte et déterminée, qui doit juste exorciser ses démons. Elle vit tellement en marge des codes qui régissent notre société, que le regard qu’elle porte sur les comportements ds gens qui l’entourent, prend un relief à la fois comique et désespérant.

 Le personnage qui l’accompagne dans son évolution attire aussi la sympathie. 



Très bon moment de lecture et finalement, elle est chouette cette couverture. 




J'ai dressé une liste mentale de toutes les interventions cosmétiques qui me semblaient indispensables : les poils et les cheveux, les ongles ( pieds et mains,) les sourcils, la cellulite, les dents, les cicatrices… J'avais besoin de mises à jour, de retouches et de rénovations dans tous les domaines.

*

Tu ne peux pas comprendre, bien sûr, mais le lien qui unit une mère et son enfant est… Laisse-moi le temps de trouver le bon mot… Incassable. Nous sommes liées à jamais, tu sais – mon sang coule dans tes veines. Tu t'es développée en moi, tes dents, ta langue, ton utérus sont les produits de mes cellules, de mes gènes. Qui sait quelles petites surprises j'ai semées en toi, quels comptes à rebours j'ai déclenchés ? Cancer du sein ? Alzheimer ? Attends de voir. Tu as macéré tranquillement en moi, bien au chaud, pendant des semaines et des semaines, Eleanor. Tu peux faire ce que tu veux pour fuir cette réalité, tu n'y arriveras pas, ma chérie, c'est impossible. On ne peut pas détruire un lien aussi fort.–C'est peut-être vrai, maman, mais peut-être pas, ai-je répondu d'une voix calme.

*

Raymond m'attendait à l'entrée de l'hôpital. Je l'ai vu se baisser pour allumer la cigarette d'une femme en fauteuil roulant. Elle avait au bras une perfusion reliée à un pied à roulettes ; ainsi, elle pouvait se détruire la santé pendant que l'argent des contribuables servait à la remettre sur pied.
 
*

Deux autres voyageurs sont montés à l'arrêt suivant – l'un deux a gagné l'impériale, et le second a lui aussi dédaigné la place vacante à côté de moi pour se diriger vers l'arrière du bus, où (j'ai tourné la tête) il s'est assis à côté d'un homme sans chaussettes. Des chevilles nues d'une pâleur effrayante dépassaient de ses Richelieu en cuir bordeaux, qu'il avait assortis à un pantalon de jogging vert. Un dingue.

*

Au boulot ! Un cocorico m'avait tirée de mon profond sommeil. Ce glorieux son matinal était alimenté par une pile AA et délivré par les minuscules enceintes de mon réveil que j'avais réglé la veille au soir, et non produit par la poussée de testostérone d'un ami volatile au lever du soleil. Il serait juste d'ajouter que ma chambre à coucher est, pour l'heure, une zone exemple de testostérone et de soleil. Mais l'hiver finira bien par passer, me suis-je dit, ne l'oublie pas, Eleanor.






Gail Honeyman est une auteure écossaise.

Elle a fait ses études en littérature et langue française à l'Université de Glasgow avant de poursuivre un cycle postgraduate en poésie française à l'Université d'Oxford. 

Elle a d'abord travaillé en tant que fonctionnaire d'État dans le développement économique, puis comme administratrice à l'Université de Glasgow.

"Eleanor Oliphant va très bien" (Eleanor Oliphant is Completely Fine, 2017) est son premier roman. Il a suscité un véritable engouement international et est en cours de traduction dans 27 pays.

Il a remporté le prix Costa 2018 du meilleur premier roman. 

Gail Honeyman vit à Glasgow. 


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