Mick Kitson
- Broché : 256 pages
Éditeur : Editions Métailié (28 janvier 2021)
Langue : Français
- Traduction (Anglais) : Céline Schwaller
#Analphabète #NetGalleyFrance
Elle est belle, ou au moins désirable. Elle ne sait pas lire, elle n’a pas d’existence légale et elle est dangereuse.
Les quelques mâles qu’elle a croisés sur sa route ont à peine eu le temps de s’en rendre compte, avant de se retrouver délester d’un paquet de livres sterling, au mieux, ou de mourir.
Au cours de sa trajectoire meurtrière, elle a laissé aux bons soins de son père, Tony, dont elle s’est vite lassée, le jeune Jimmy. Et Tony, sur son lit de mort, lui a soufflé ce conseil : « N’essaie surtout pas de la retrouver ».
C’est le début d’une course poursuite ciblée : Jimmy, mais aussi Julie Jones, qui se charge de l’enquête officielle, sont sur ses traces. Parce qu’un jeune homme est mort dans un incendie suspect.
L’histoire est au début déroutante. Pas d’indication de temporalité, les générations sont mélangées, et on a un peu de mal à s’y repérer, d’autant que certains prénoms sont utilisés deux fois! . Heureusement peu peu, la cohorte de personnages devient plus lisible, au fur et à mesure que l’étau se resserre autour de la fugitive.
On ne peut pas dire que l’héroïne soit attachante, elle est plutôt glaçante dans sa froide détermination, et ce malgré les circonstances atténuantes liées à son enfance auprès d’un père tordu. Un « sacré » personnage, celui-là. C’est plutôt vers le jeune Jimmy que l‘on se tourne pour faire oeuvre de compassion. Un père mort jeune, une belle-mère elle aussi en proie à des addictions…
Roman à l’ambiance particulière, bien écrit et bien construit, si l’on excepte la première partie qui demande un effort non négligeable pour y trouver des repères, et un décor très anglais comme on les aime. On y retrouve des éléments autobiographiques de l’auteur, qui aime cultiver les framboises, construire des bateaux et vit dans Fife.
Merci à Netgalley et aux éditions Métailié
Mary avait lu un jour que la façon de jauger la prospérité économique d’une ville était de compter le nombre de grues qu’on voyait lorsqu’on y arrivait par le train. Les grues étaient synonymes d’activité économique, de croissance, d’expansion, de construction, de nouveaux lotissements et d’une population possédant un bon pouvoir d’achat.
Celle-ci ne lui paraissait donc pas mal. Elle en compta trois tandis que le train entrait lentement dans la ville et que le soleil brillait sur la pierre de Cotswold, se reflétant dans les immenses fenêtres voûtées de la cathédrale.
*
Puis, par un matin froid et lumineux, alors que Steve fumait sa première roulée de la journée devant la table en formica rouge de la cuisine, Nigel s’était mis à psalmodier. Fort. Il criait ses incantations dans le givre par la fenêtre ouverte de sa chambre, une longue plainte chaotique qui s’élevait puis retombait en ondoyant et semblait suspendue dans la brume qui se levait. Steve se précipita hors de la maison et leva les yeux. Nigel était à la fenêtre, les mains jointes paumes ouvertes comme s’il lisait un livre, les yeux clos et le visage luisant de larmes tandis qu’il psalmodiait des incantations que Steve ne comprenait pas mais dont la grâce et les inflexions le pénétraient et lui donnaient le frisson, l’urgence gutturale et rocailleuse de chaque pulsation marquée ponctuant la rivière de sons qui semblait s’écouler naturellement de Nigel. Il avait l’impression d’entendre le son de la création, l’instant où le chaos était devenu verbe, et le verbe rythme, cet instant où le rythme avait résonné dans chaque particule d’existence et l’avait secouée pour lui donner vie.
MICK KITSON est né au Pays de Galles et a étudié l’anglais à l’université avant de lancer le groupe de rock The Senators dans les années 80, avec son frère Jim. Journaliste pendant plusieurs années, il est devenu professeur d’anglais. Il vit dans le Fife, en Écosse. Il est l’auteur de Manuel de survie à l’usage des jeunes filles. (Source : Métaillié)
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