Lumière

Christelle Saïani

 189 pages 

Éditeur : LIBRINOVA (18/02/2020) 

Derrière une très élégante couverture, ornée d’un profil de lumière sur fond noir, se cache un texte d’une grande sensibilité. 

Certes il vaut mieux l’aborder avec une bonne réserve d’optimisme, car le sujet n’est pas léger. 

Lorsqu’Ambre fait la connaissance de son voisin, Olivier, elle est en proie à une souffrance profonde, en raison d’une brutale rupture amoureuse. Mais les peines de coeur de la jeune femme, même si elles ont eu raison de sa santé physique, ne sont rien à côté de ce qu’est en train de vivre Olivier, à savoir une lente agonie, conséquence d’un cancer des poumons.

La désespérance n’est cependant pas de mise car Olivier est un personnage fort, prêt à lutter quel que soit le pronostic, déterminé à épargner ses proches autant que faire se peut. Double lutte, contre le mal qui le ronge et contre le chagrin de ceux qu’il aime. Et jusqu’au bout de ce parcours de souffrance, il saura manier l’humour et l’autodérision. Rire pour ne pas pleurer. 

Et c’est cette rencontre, qui permettra à Ambre de sortir de la bulle de douleur morale dans laquelle elle s’est enfermée. Reconstruction parallèle au déclin de son initiateur.

C’est avec une délicatesse remarquable que Christelle Saïani évoque la maladie, la souffrance, et la mort. L’écriture est ciselée, envoutante et l’évocation de ses sujets très sombres est sublimée par la qualité de la narration. Un vrai talent d’écrivain. 

Je remercie l’auteur de m’avoir fait confiance pour découvrir son roman. 

Instant de grâce, photographique. Dans l'encadrement de ma fenêtre, les nuages s’étirent de manière élastique, fils opalescents tissant une toile baroque colorée de nacre. Un cumulus s’irise, se déploie et mue comme de fins cristaux de sucre qui s’évanouiraient en dessert gazeux. Ce matin, le ciel est une mousse de couleurs, de fragrances, soyeuse et charnelle. À mon image, infiniment légère. Je suis amoureuse et mon état me tapisse de désirs sucrés.

*

Je pense que mon corps accuse l’épuisement de six mois de traitement, j'ignore s'il aura la force d'encaisser cette nouvelle chimiothérapie. Je pense que Naïs reçoit coup sur coup depuis l'annonce de ma maladie, que ses rêves, ses espoirs, sa volonté sont passablement tuméfiés. Suis-je responsable de l'échec de ce premier traitement ? Mes doutes et mes angoisses y ont-ils participé ? Je ne peux rien dire de ce que je pense parce que mes plaintes, mon accablement insulteraient l'acharnement de tous ceux que j'aime à me soutenir.

*

Franchir avec grâce et équilibre la ligne ultime, le regard ciblé sur le point de mire, en dépit de la peur et de la solitude. Ne plus reculer et, jusqu’au dernier pas, prendre le temps malgré tout de parenthèses immobiles où se sentir vivre. Avoir encore le souci du bonheur au moment où l’univers se rétrécit.

Μετέωρος, météore, « dans les airs ». Olivier s’élève et je comprends aujourd’hui que ma très belle rencontre, ce sera lui.

Lumière est le premier roman de Christelle Saïani, qui reverse tous ses droits d'auteur  à la Croix rouge.