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Mamie Luger

 Benoît Philippon




  • Éditeur : Le Livre de Poche (27 mai 2020)
  • Langue : : Français
  • Poche : 384 pages
  • Existe en version numérique





Mamie Luger a cent deux ans. Son surnom provient de l’arme qu’elle exhibe quand elle est contrariée, et elle l’a été au moins sept fois si l’on tient compte du nombre de cadavres enterrés dans sa cave ! C’est par ailleurs une forte tête, à son âge on ne la lui raconte pas, et l'inspecteur André Ventura, qu'elle s'obstine à appeler Lino,  comprend rapidement que les méthodes habituelles d’interrogatoire devront être revisitées s’il veut vraiment découvrir le fin mot de l’histoire et comment cette brindille centenaire  s’est retrouvée au poste de police après avoir dézingué son voisin.


C’est parti pour une longue nuit de garde à vue, au cours de laquelle la mamie va révéler ce que fût sa longue vie rythmée par les veuvages. 


Les confessions de la criminelle ne sont pas restituées sous forme d’interrogatoire mais comme autant de chapitres du roman que fut sa vie. Et si le meurtre initial est  sans doute le moins illégitime, on apprend peu à peu l’étendue des talents criminels de l’aïeule.


Après  quelques doutes en parcourant les premières pages, et la crainte d’avoir affaire à une farce grotesque et vulgaire (il faut dire que la mamie ne châtie pas son langage), le roman prend son rythme et finalement les interventions fleuries de Mamie Luger apportent un peu de légèreté dans le récit dramatique de sa vie. Pour un peu, on lui pardonnerait tous ses forfaits. 

Et on découvre en filigrane le portrait d’une femme libre, féministe avant l’heure et qui a dû défendre ses intérêts seule. Les aveux arrivent tardivement et sont d’autant moins difficiles à obtenir qu’à cent deux ans, la perpèt, elle s’en tape!


On passe sur les invraisemblances, et on apprécie l’histoire et même l’écriture. Avec un final en feu d’artifice !




Blam! Blam! Berthe recharge. Ses membres tremblent. Beaucoup d'émotions pour une vieille de cent deux ans. Elle pense à sa camomille qui prend la poussière sur les étagères de sa cuisine et se dit qu'elle s'en ferait bien une tasse. Les sirènes qui résonnent  loin ne sonnent peut-être pas encore le glas, mais reculent  inéluctablement la perspective du réconfort d'un bon pisse-mémère.

*

Berthe aux fourneaux préparait le civet, passant de sa planche à découper les légumes à sa cocotte où marinait  le bouillon, en  se demandant  comment elle en était  arrivée là. Un GI venait dîner chez elle. Américain. Noir. Mais avant tout un homme. Et  pas destiné à finir dans sa cave mais dans ses draps , espérait-elle en éventrant  lapin fraîchement abattu pour mieux lui vider les entrailles.

*

Norbert avait traversé la France, son chevalet sur le dos, ses toiles dans sa besace, son chien fin de race à ses sabots. Il se disait artiste, les gendarmes l'avaient fiché vagabond. Norbert n'avait pas le sou, mais n'était-ce pas là le sort de tout artiste  ? Génial qui plus est, donc maudit. Il ne connaîtrait pas la renommée du moins de son vivant.






Benoît Philippon est un écrivain, un réalisateur et un scénariste français, auteur de roman noir.  
Mamie luger est son second roman




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