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La sidération ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Laurence Benaïm






  • Éditeur : Stock (27 janvier 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 220 pages
  • #Lasidération #NetGalleyFrance





C’est à sa mère, que la maladie a emportée, que Laurence, la narratrice, s’adresse. Les questions restées dans l’ombre et les confidences, construisent une histoire familiale marquée par les émigrations successives et les départs douloureux, ceux qui ont fait la honte de l’Histoire du 20è siècle. Nicole était cardiologue, et dans l’appartement qui abritait sa famille et le cabinet médical, régnait un flou certain entre privé et professionnel. Avec le sentiment, pour la narratrice d’une priorité accordée aux patients. 

De l’enfance avec passage obligé en Bourgogne, seule alternative au risque majeur de faire partie des convois vers la Pologne, la fille du chapelier devra se défendre pour être légitime, juive et femme, dans un milieu à l’époque encore très masculin et très machiste. 


S’y ajoute l’histoire du père, Paul, juif oranais, concerné aussi par les drames du départ et les massacres odieux, et qui après avoir mené sa carrière de cardiologue, devient peu à peu dépendant. C’est tout le drame de cette génération, en étau entre les enfants à éduquer let les parents vieillissants. 


C’est un récit lucide, ponctué par de nombreux drames, mais sans pathos, et sans plainte. Les lacunes ressenties ne sont pas des reproches, envers des parents qui n’ont pas démérité, mais ont dû faire des choix difficiles. Et l’amour n’a pas manqué malgré tout. 


Ce type de récit qui offre en raccourci des destinées quelles qu’elles soient et dont ne subsistent que des objets dérisoires m’émeuvent profondément.


L’impact de l’Histoire sur les destins individuels, la question de l’identité, des racines, la complexité des liens familiaux que l’évolution de la société bouscule, tout cela est abordé avec beaucoup de sensibilité.


Merci à Netgalley et aux Editions Stock




Je me faufile dans ton passé ainsi que dans un monde plein d'échardes,  je recolle les morceaux de tout, c'est ma manière de te retrouver, à travers l'héroïne de mon enfance, Alice, Détective, comme au temps où je dévorais les romans de Caroline Quine, dans la Bibliothèque verte.

*

J'ai lavé mes mains, mais elles sont encore pleines de la terre de laquelle tu ne reviendras pas. Ce bras inerte, je l'ai pris en photo à la place de ton visage. Les doigts sortent de l'image, je rêve qu'ils m'attrapent, me déchirent , m'abandonnent; J'ai moins peur de t'oublier que de perdre ta trace.   

*

Nos parents n'auraient jamais imaginé que nous puissions cultiver des plantes grimpantes. Les fleurs les plus exotiques avaient leur faveur. A eux les vilains anthuriums en pot, les oiseaux de paradis pointant leur méchant bec sur la table de verre fumé, à eux les pinces de homard orangés, couleur des premières mangues, tous ces plaisirs d'offrir joie de recevoir qui ont déserté depuis les étals des fleuristes parisiens, emballant désormais leurs bouquets responsables dans du papier recyclé couleur de lin lavé et de chou kale. 




Laurence Benaïm est journaliste et écrivaine. elle est née en 1961.






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