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 Erwan Larher 





  • Éditeur : Quidam Editeur (18 mars 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 335 pages









Il n’a fallu que quelques phrases pour être séduite par l’écriture de ce roman.


La rencontre initiale avec le personnage central laisse tout de suite présager une originalité, quelque chose d’indéfini, qui en fait un être singulier. Le doute ressenti à la lecture d’un curieux pronom personnel (une coquille ?…) laisse la place aux interrogations lorsque cette  coquille se répéte, et définit ainsi l’ambiguïté de Sam.


Son arrivée dans la bourgade de Saint-Airy ( le clin d’oeil à Martin Mongin est réjouissant), ne passe pas inaperçu. Et lorsque son intention de s’y installer se précise, l’on parle, beaucoup, Clochermerle se réveille, pour le meilleur et surtout pour le pire. 


L’intrigue m’a tenue en haleine,  sans faillir jusqu’à la fin, soutenue par la magie de l’écriture. De l’écriture inclusive, qui aurait pu être un obstacle mais qui finalement est parfaitement justifiée par le propos, à l’emploi de néologismes, d’adjectifs déclinés en verbe,  comme des bijoux dans un coffret. 


L'auteur a un talent certain pour insérer des anecdotes à la fois drôles et informatives. Comme l'histoire de la vie de Mark Twain, et de sa relation à la comète de Haley. Et pour éviter l'effet wikipédia, recours au Jeu des Mille Francs ! 


Brève allusion à la pandémie, qui est une histoire ancienne et donc situe le roman dans un futur proche. De même que la polémique autour des humanoïdes. Et pourtant, on n'a aucune envie de classer le roman dans la catégorie SF. 


La psychologie des personnages  est subtilement mise en scène et le poids de l’exaltation  collective démontre la fragilité de l’opinion personnelle face à l’irruption de sentiments refoulés.


La vie en collectivité dans une petite ville est bien cernée, avec les remous de conseils municipaux à haut risque, et la réputation des absents qui se construit entre les bacs à shampoings et le bar du centre-ville. 



Très belle découverte d’un auteur lu pour la première fois mais pas la dernière.




D'après cet ancien instituteur, le village décrit dans le roman de Francis Rissin "Pourquoi les hommes fuient ?" serait Saint-Airy (dans la région on dit Sainté)

*

Si il a des nichons, c'est une gonzesse ! renchérit Walter.
Son bon sens ne serait pas étranger à son élection à la mairie. Pourtant, personne n'aurait misé sur lui ; personne n'avait jamais misé sur lui. Walter n'était pas un leader (il l'est devenu), n'avait pas de charisme (il en a gagné), n'est pas le plus intelligent, n'a pas la plus grosse voix, ni la plus grande gueule. Il ne paye vraiment pas de mine et pourtant, le maire, c'est lui.

*

Sous les casques de coiffure ou au bac à shampooing, ce n'est plus Sam qui bruisse. Bigoudisées  ou les mèches enveloppées d'aluminium,  les clientes supputent, affirment,  malaxent  le ouï-dire, se l'approprient, des hypothèses deviennent affirmations, des soupçons  certitudes.

*

Certains membres de l'équipe se découvre une appétence pour les sunlight, postent leurs interventions et interviews sur les réseaux sociaux ; ce qu'on voit le moins aux réunions de Nouveau cap, a noté Sam. Même de la poussière  de notoriété, du pollen de pouvoir, peut  faire éternuer la tempérance.






Erwan Larher écrit des pièces de théâtre, des chansons, des scénarios, alors qu’il est né à Clermont-Ferrand. Le talent d’Erwan Larher est d’aborder le politique par sa face romanesque et haletante" en dira le Nouvel Observateur.

(Source : Babelio)










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