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Les Rêveurs définitifs ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Camille de Peretti




  • Éditeur ‏ : ‎ Calmann-Lévy (18 août 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 288 pages
  • #Lesrêveursdéfinitifs #NetGalleyFrance 










Rêver sa vie ou vivre son rêve ? Ceux-là n’ont pas choisi, rêve et réalité se mêlent joyeusement entrainant le lecteur dans de faux espoirs vite sapés par le rappel brutal à l’évidence.


Ce qui anime ces femmes, de mère en fille, c’est leur imagination prête à démarrer au quart de tour à la moindre possibilité d’une idylle, d’un nouveau départ professionnel, de toute irruption d’un détail qui pourrait changer leur vie. Pas si moche que ça leur vie, mais pas non plus un destin exceptionnel, une vie ordinaire, simplement ordinaire, faite de rencontres éphémères et de beaucoup de solitudes. 


Emma est au centre du  récit : elle traduit des kilomètres de romans feel-good, elle qui rêve d’écrire un grand roman. Le job n’est pas très lucratif et rattrapée par ses créanciers elle accepte une mission dans une entreprise qui travaille …sur la traduction  et ses possibilités d’amélioration en ligne ! Une belle façon de scier la branche sur laquelle elle est assise !


Quant à son adolescent de fils, c’est aux manettes d’un joystick qu’il se projette dans une autre sorte de rêve.


Le mélange savant de l’imaginaire et de la réalité la plus triviale confère une note d’humour très agréable à ce roman, qui ne manque cependant pas d’appuyer là où ça fait mal, de bien mettre en lumière l’égocentrisme  décliné comme une religion universelle.


Lu avec beaucoup de plaisir


Merci à Netgalley et aux éditions Calmann-Lévy.




KIWI payait donc des traducteurs quelques centimes du clic. À la manière de ceux qui cliquaient pour oui c'est un chaton, non c'est un tigron, des traducteurs cliquaient pour aider la machine à faire la différence entre l'avocat pénaliste et l'avocat vinaigrette.

*
Elle savait que les écrivains sont des exhibitionnistes qui se servent des mots pour maquiller leur impudeur, qu'ils cachent leur désir de dévoiler leur âme et leurs pensées profondes au plus grand nombre à coup de virgules et de passés simples. Elle savait que lire un livre est la meilleure est la plus sûre façon de rentrer à l'intérieur et sous la peau de celui qu'il a écrit, elle le savait parce que les traducteurs lisent mieux que personne. Un livre est un jeu de piste de l'auteur avec ses lecteurs mais d'abord et avant tout, avec lui-même. Tous les écrivains sont des pervers et tendent leur livre comme on tend un miroir.

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On cite Socrate à tout bout de champ, mais « Connais-toi toi-même » ça n'a jamais voulu dire « prends-toi en selfie ». Que font ces gens qui envoient des photos de leurs vacances, de leur dîner, de leur chat, de leurs pieds, d'eux, toujours eux ? Leur voix intérieure est poussé au volume maximum, il crie au monde : moi ! Moi ! Moi ! Regardez moi ! Et personne n'est là pour leur dire qu'ils font trop de bruit.





Romancière et traductrice, Camille de Peretti est née à Paris en 1980.


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