Abel Quentin
- Éditeur : L'OBSERVATOIRE (18 août 2021)
- Langue : Français
- Broché : 384 pages
Jean Roscoff est un historien fraichement retraité, qui souhaite consacrer de cette période particulière à rattraper la médiocrité de sa carrière, lui qui n’est pas passé sous les fourches caudines de l’agrégation. Malgré un précédent échec avec la publication d’une biographie en faveur des époux Rosenberg, exécutés quelques jours après la sortie du livre, leur activité d’espions ayant été prouvée, Jean se lance dans la rédaction d’une biographie du poète américain Robert Willow. Son histoire américaine, son émigration pour le Paris des années Saint Germain-des-prés, la qualité de ses poèmes tout l’enchante et le motive pour ce travail.
Lorsqu’il nous parle de son parcours, Jean n’omet pas de préciser qu’au delà de sa piètre carrière, son mariage a abouti à un divorce, et son alcoolisme, une des raisons de cet échec conjugal n’est pas juste un mauvais souvenir. Son rayon de soleil reste sa fille, même si la jeune femme qui partage sa vie l’inquiète en raison de sa virulence politique. Les soirées passées avec le couple sont mouvementées !
Lorsqu’il réussit à faire publier son ouvrage, qui aurait dû rester dans l’ignorance quasi-totale, étant donnée le sujet et la discrétion de la petite maison d’édition, Jean Roscoff se retrouve en pleine lumière, sous des projecteurs peu amènes, ceux qui prennent corps dans des messages de moins de 140 caractères et permettent à de sinistres abrutis de se lâcher en ligne. Tout cela parce que Jean, dans sa biographie du poète a omis un détail…
Et c’est là que le portrait désabusé que le narrateur nous offrait de lui-même se doit de devenir une plaidoirie, une proclamation d’innocence, qui l’atteint dans ce qu’il de plus cher, ses idées de gauche et son militantisme anti-raciste.
J’ai beaucoup aimé ce roman prétexte à un bilan des années qui ont vu l’arrivée d’une vague d’espoir pour tous les convaincus d’un renouveau inéluctable avec l’élection de Mitterand. Les souvenirs d’une jeunesse militantes rêvant que le culte du libéralisme n’étouffe les rêves d’un monde meilleur.
On s’attache rapidement à ce sexagénaire plus victime que coupable, et qui semble avoir le don de toujours choisir le mauvais cheval.
On est aussi au coeur de ce qui fait de notre société, un monde avec des codes qu’il vaut mieux maitriser si l’on veut éviter le pire, qui se trouve à portée de clavier.
J’avais apprécié Soeur, le précédent roman d’Abel Quentin, mais celui-ci m‘a encore plus convaincue.
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