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Et d'un seul bras la soeur balaie sa maison ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Cherie Jones




  • Editeur : ‎ CALMANN-LEVY (August 18, 2021)
  • Broché‏ : ‎ 368 pages
Traduction (Anglais) : Jessica Shapiro









En 1979, alors que son beau-père est mourant, Lala attache peu d’importance à la légende de la fille à un bras que lui conte sa mère pour la dissuader de traîner hors de la maison. Elle aura l’occasion d’y penser quelques années plus tard…


Cinq ans après Lala est mariée pour le meilleur mais surtout pour le pire avec Adan, un trafiquant à ses heures, et Lala est à la merci de  ses accès subits de colère qui s’accompagnent de coups et de menaces de plus en plus violents. Tous les prétextes sont bons pour faire passer sa hargne sur la jeune femme. Il est pourtant capable de gestes tendres et semble profondément ému par la présence de  leur petite fille, même s’il n’a pas daigné se déplacer un mois plus tôt pour sa naissance, laissant Lala rejoindre l’hôpital à pied. 

Un soir en présence de leur ami Tone, une altercation du jeune couple tourne au drame…


Si le lieutenant Beckles en charge des enquêtes sur l’île de la Barbade est rapidement mis à l’écart de l’affaire du meurtre d’un homme âgé dans sa maison voisine de celle d’Adan, enquête confiée à Scotland Yard, il tente de comprendre ce qui s’est passé ce fameux soir où un enfant a été enlevé. 


Il ne s’agit pas à proprement parler d’un polar, puisque que l’on assiste en direct à ce qui arrive et seul le policier est dans l’ignorance . Le suspense, c’est de savoir si Adan paiera pour ses forfaits.


Au delà de cet exposé des drames  et de la violence, Cherie Jones dresse le portrait de trois générations de femmes, dont le destin s’accomplit au bon vouloir de la malédiction qui plane  sur leurs vies. Elles ont tour à tour fait face à une violence extrême d’autant plus perverse qu’elle a mis à mal leur capacité d’être mère, et de protéger leurs enfants. 


Le récit est poignant et terriblement addictif. On se sent solidaire avec Lala et on comprend parfaitement les mécanismes qui l’empêchent  de fuir : l’amour, la dépendance mais aussi cet éternel espoir que cette raclée sera la dernière.


C’est un roman d’une grande force, qui éveille de nombreuses émotions, de la peur à la colère en passant par une profonde empathie pour le personnage principal. 




À l'hôpital Baxter's General, trois choses sont incontestable. La première et qu'il n'y a jamais de papier toilette aux urgences. En revanche, un petit écriteau à côté du long miroir, grêlé de rouille, indique que c'est l'infirmière de service qui distribue le papier. Si vous ne faites pas attention vous ne verrez pas forcément cette signalétique. Si vous êtes en panique. Si vous vous rendez juste aux toilettes à cause de l'urgence qui vous amène à l'hôpital. Si vous êtes pressée,  ce n'est qu'une fois assise sur les toilettes, à expulser ce qui doit être expulsé, que vous vous rendrez compte que vous n'avez pas les moyens de vous nettoyer ni la possibilité d'appeler à l'aide.

*

Quand il fatigue et qu'elle craint qu'il ne pique une colère, elle penche la tête en entendant la note qui glisse de sa langue, elle écarquille les yeux, avec le regard éberlué de la grosse chienne blanche sur la plage, comme si elle allait se tenir au garde-à-vous et bondir vers lui, là, tout de suite, s'il prononçait le nom encore une fois.

*

Comment est-ce qu'on apprend à aimer un homme ? 
La première fois que tu te poses cette question, c'est que tu viens de te marier. Il y a des jours où les casses d'Adan  te payent des habits qui remplacent les affreuses robes que faisait Wilma. Il t'achète des robes en jean jaune fluo et des bottines en daim orange à petits talons aiguilles, des ceintures en cuir cloutées que tu peux porter sur les hanches quand tu sors en boîte pour écouter Alpha 24 et regarder les voyous se trémousser de leur mieux sur la musique de leurs ancêtres, tout en portant leur fortune autour de leur cou. Il y a aussi ces jours où Adan commence à manifester sa capacité à t'enlever ces habits à coups de poings, à déchirer ces robes et à te cogner avec les talons de ces mêmes bottines qu'il t'avait offerte dans une boîte avec un ruban dessus.





Cherie Jones est écrivain, avocate et mère de quatre enfants. Elle vit à La Barbade.






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