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Tant que le café est encore chaud ⭐️⭐️⭐️

 Tishokazu Kawaguchi




  • Éditeur ‏ : ‎ Albin Michel (29 septembre 2021)
  • Broché ‏ : ‎ 240 pages
  • Traduction (Japonais) : Miyako Slocombe








Cette petite tasse de café japonais ne doit en aucun cas refroidir, surtout si on la déguste …dans le passé. Car chez Funiculi Funicula, ce troquet désuet, qui n’a fait de concession à la modernité que pour l’électricité, l’ambiance est particulière : il y fait toujours frais, même sans clim, et surtout,  lorsque la place est libre, une table précise permet de retourner quelques heures, quelques jours ou quelques années en arrière, à condition de respecter scrupuleusement les règles :  si l’on ne veut pas évoluer vers le statut de fantôme, revenir avant que le café ne soit devenu froid…


Cela, le lecteur l’aura inévitablement intégré tant la litanie est répétée  à l’envi. C’est d’ailleurs la même chose pour une foule de détails, comme si les chapitres étaient des textes publiés dans un journal, nécessitant de redire ce que le lecteur distrait aurait oublié. 


La narration offre d’autres sujets d’étonnement : 


« À cet instant, l'horloge du milieu sonna dix coups. Kei se rendit compte qu'il n'était pas quinze heures, comme elle le croyait, mais dix heures du matin. » 


Très souvent en effet, les notions de temps ou de date sont ainsi explicitées.


Par ailleurs les personnages au fur et à mesure de leurs apparitions sont immédiatement caractérisés par leurs vêtements en précisant à chaque fois leur couleur ! Nous avons donc le droit à un défilé permanent de tenues assorties ...



Cela donne une ambiance très particulière à ce roman qui, malgré la forme, a cependant un fond tout à fait intéressant et attachant. 


Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel.




La femme le regarda avec une grimace incrédule. Il n'avait pas parlé un seul instant de séparation, mais si le petit ami avec qui vous sortez depuis trois ans vous donne rendez-vous sous prétexte qu'il a « quelque chose d'important à vous dire », vous annonce de but en blanc qu'il part aux États-Unis pour son travail et que ce départ a lieu dans quelques heures, pas besoin d'entendre : « il faut qu'on se sépare » pour deviner que ce «quelque chose d'important » est l'annonce d'une séparation. Même si vous aviez espéré qu'il s'agirait
d'une demande en mariage.


*

Elle avait visiblement terminé son travail pour la journée, car elle avait troqué son uniforme d'infirmière contre une tunique vert olive, un pantalon trois quarts en stretch bleu foncé et un sac en  bandoulière noir. Elle essuyait la sueur de son front avec un mouchoir mauve.

*

« Rentrer avant que le café ne refroidisse », c'était en effet une consigne assez vague et subjective. On pouvait très bien trouver le café froid alors qu'il restait encore du temps, ou au contraire se dire qu'il était encore chaud alors que le moment de rentrer était venu. Mais s'il suffisait de finir son café dès que le minuteur retentissait, c'était facile. Mlle Hiraï n'avait plus de souci à se faire.





Toshikazu Kawaguchi est né à Osaka en 1971. Il est dramaturge et a produit et dirigé le groupe théâtral Sonic Snail.

Tant que le café est encore chaud est l'adaptation d'une pièce de sa société 1110 Productions, qui a remporté le grand prix du 10e Festival dramatique de Suginami. Il s'est vendu à 1 million d'exemplaires au Japon et est devenu un bestseller international.

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