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Pas dormir ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Marie Darrieussecq




  • Éditeur ‏ : ‎ POL (9 septembre 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 320 pages









Peupler ses nuits d’insomnies en lisant Pas dormir ! C’est à la fois perturbant et réconfortant …


Marie Darrieussecq a perdu la faculté de récupérer nuit après nuit de la fatigue des journées. Le déclencheur est bien identifié et d’une banalité universelle : la naissance de son premier enfant a perturbé cette horloge biologique. Au diapason de son enfant les nuits se sont déchirées, morcelées, et rapidement n’ont plus ressemblé à rien. Mais ce qui se récupère au fil des semaines, plus ou moins rapidement en fonction de la propre horloge biologique du nourrisson est devenu un manque chronique. Et cette faculté de se plonger dans les bras de Morphée est devenu une lutte de toutes les nuits. 

Le parcours qui en résulte est commun à tous les insomniaques : trouver une solution est une quête permanente, de pilules en tisanes, d’ajustement de la température et de la diététique aux choix des occupations vespérales, ils ont tout essayé ! Et rien ne marche puisqu’il est clair qu’il ne s’agit pas d’une cause unique à repérer ! 


Cet essai se penche ainsi sur les nuits blanches, et pas uniquement celles de l’auteur. Elle invoque les grands insomniaques de la littérature, Proust, Kafka et tant d’autres. Ou ceux chez qui le sommeil renvoyait à une ritualisation quasi pathologique.

Mais il est aussi question de cinéma, et d’Hal dans 2001 Odyssée de  l’espace, d’Alien, de High Life et d’insomnie.


Marie Darrieussecq aborde l’intime,  évoque son alcoolisme, résultant à la fois de la recherche d’un produit miracle et de la perturbation du circuit de la récompense induite par le manque de sommeil, responsable sans aucun doute d’un certain nombre de conduites addictives. 


Cet essai sur l’insomnie n’est en tout cas absolument pas un remède contre celle-ci. Car le sujet, sérieux est abordé avec humour et auto-dérision et suffisamment décalé pour être plaisant à parcourir et encore plus lorsqu’à chaque page on se reconnait dans ce portrait typique des veilleurs malgré eux.




J'ai perdu le sommeil. Je me suis retourné sur mes pas et il ne me suivait plus. Il s'était détaché de moi, et j'errai sans lui dans la nuit.

*

Et le champion de l'insomnie, c'est Proust – dont l'œuvre s'ouvre par la plus célèbre des mises au lit raté : « Longtemps, je me suis couché de bonheur. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je m'endors .» Et, une demi-heure après,  la pensée qu'il était temps de chercher le sommeil m'éveillait ».

*

Ce premier verre, tous les prétextes sont bons. La solitude comme la compagnie. J'y pense parfois dès 11h du matin. À midi je ne bois jamais, j'ai besoin de ma tête. Mais je pense à ce premier verre, sa joie contenue dans un flacon. Dans le découragement, dans le vide de l'écriture, 11 heures, 15 heures, 17 heures, je vais parfois contempler ma collection de jolis verts de ma grand-mère, de Ikéa, de hasard, et leur vue me donne du courage. J'attends.





Marie Darrieussecq est une écrivaine française, née en 1969 . Son premier roman Truismes a connu un succès mondial.





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