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Blanc Résine ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ ❤️

Audrée Wilhelmy



Editions Grasset
368 pages 
12 janvier 2022
#Blancrésine #NetGalleyFrance

Lorsque l’on a été particulièrement séduit par une lecture, la crainte émerge de trahir les émotions ressenties par le filtre de nos propres mots, qui devront tenter de les reproduire. 


C’est le cas pour Blanc résine. Pourtant les premières pages sont vertigineuses, mots inconnus, repères volontairement flous entre rêve et réalité, et déjà cependant la sensation d’une fascination naissante pour le personnage. Elle, qui ne recevra aucun nom de ses vingt-quatre mères mais se nommera dès que les premiers mots franchiront ses lèvres pour devenir Daã. 


Un autre destin hors norme s’impose en parallèle. Celui de l’enfant plus blanc que neige, privé de sa mère à peine né. L’enfant albinos grandit dans le décor gris-noir de la mine, promis à en parcourir  les galeries, pour secourir les multiples accidentés.


Les deux chemins, celui de la femme qui sillonne bois et prés en quête de plantes qui guérissent et celui de l’homme pâle se croiseront un jour, et de l’union de leur différence adviendra le meilleur ou le pire…


C’est un coup de coeur, de ceux qui ralentissent la lecture pour s’imprégner de chaque phrase, en se laissant porter par l’atmosphère parfois onirique parfois réaliste et violente.


L‘écriture joue avec les sens, les contrastes de couleur, les odeurs et les sons, créant des espaces poétiques originaux.


Peu importe de ne pas saisir le sens précis de certains mots, (un lexique est proposé en fin de récit, mais n’est pas indispensable). Le son des mots est suffisant pour qu’il ne soit pas nécessaire de visualiser la plante ou l’animal qu’ils désignent, et certains termes se font évidence (comme l’ina maka que l’on traduit rapidement comme la terre-mère).


Le récit est porté par la force de deux personnages, étranges et marginaux, et riches de leur différence. Ils sont l’envergure d'êtres mythiques, porteurs de messages et défiant les obstacles multiples sur leur route.



Publié en 2019 au Québec, c’est un roman qui pourrait rejoindre mes livres pour une île déserte.


Je remercie Grasset et Netgalley.




D'abord je me traîne sur le sol, je tire mon poids du coude, puis j'apprends la manière de soulever le tronc, de tenir la masse du corps sur les poignets, les genoux. Je fends les herbages, je creuse des sillons de terre noire. Ms pattes s'enfoncent dans le mor. Je deviens corniaud, je surgis partout, imprévoyable. Les quarante-huit talons de ma mère doivent éviter de me piétiner tandis que je découvre le plaisir du ventre qui frise le chiendent rabattu, piquant et sec. 

*

Laure, donc soigne maladies t blessés. il préfère les premiers et privilégie l'infirmerie de surface à l'officie souterraine, même si, invariablement, il faudrait se diviser en deux. Il déteste la mine. Il s'y perd encore souvent, et quand, retrouvant son chemin, il parvient à rejoindre l"épicentre d'une crise, l'étroitesse des bowettes l'oppresse. 

*

Dans ses mains, les hanches de sa femme pèsent leur poids d'os et d'organes ; il a ausculté suffisamment de matrices frêles pour reconnaître qu'il tient un bassin de bonne porteuse : Daã portera une tribu d'enfants aux yeux fauves. 





Audrée Wilhelmy est une écrivaine québécoise née à Cap-Rouge (Québec) et qui habite Montréal depuis plus de dix ans. 

Son premier roman, "Oss", publié en août 2011 aux éditions Leméac, a été nominé pour le Prix des libraires du Québec et finaliste au Prix du Gouverneur général du Canada. 

Son deuxième roman, "Les sangs", a été publié chez Leméac en août 2013 et repris par les éditions Grasset & Fasquelle en mars 2015. Au Québec, l'ouvrage a été finaliste au Prix des libraires du Québec et au Prix France-Québec, tandis qu'en France, il a été finaliste au Prix Marie Claire du roman féminin. 

Source : Babelio 













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