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La dame couchée ⭐️⭐️⭐️

 Sandra Vanbremeersch











Madame D., Elle, la Dame couchée, c’est Lucette Destouches, veuve de Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, le célèbre et sulfureux écrivain de Meudon. Elle lui a survécu plus d’un demi-siècle, recevant de nombreuses personnalités dans la maison de la route des Gardes, où finalement l’écrivain n’a vécu que dix ans.


Que cherchaient les visiteurs lorsqu’ils passaient la porte de la villa délabrée après avoir traversé le jardin stérile ? 


« Ça ne s’arrête jamais ici, les vautours. Quelqu’un viendra toujours gratter jusqu’au sang la plaie même morte du célèbre veuvage. Tout est bon quand on a faim de Céline ». 


Les vautours, les affamés de miettes de gloire, mais pas seulement. Il y eu aussi les amis fidèles, présents jusqu’à la fin, y compris quand la vieille dame n’était plus que l’ombre de son ombre.


Et le lecteur, que vient-il chercher dans ce témoignage ? Si c’est un éclairage nouveau concernant  l’écrivain, il ferait mieux de passer son chemin. Céline est quasi absent de ces pages, hors quelques allusions à des personnages ou à son chat. C’est la Dame qui règne sur l’écrit, comme elle régnait sur son entourage. Car elle fut, si l’on en croit l’autrice, un tyran domestique, à la fois séductrice et hautaine, comparée souvent aux araignées qui s’étaient installées dans la maison poussiéreuse et encombrée des vestiges d‘un passé plus glorieux.


Il en résulte que l’on parcourt les vingt dernières années de Lucette Destouches à la lumière des souvenirs de la jeune femme qui fut son auxiliaire de vie au cours de ces deux décennies. Récit d’une fin de vie, assez déprimante, où la personnalité affirmée de la Dame s’efface peu à peu au rythme du temps qui passe.


L’écriture est particulière, très imagée, lourde de nombreuses figures de style, parfois au détriment du sens. La relecture est souvent nécessaire, sans toujours révéler l’intention derrière les mots. Malgré la brièveté du récit, les redites abondent. 


176 pages Seuil 19 Août 2021




Tout a commencé par un sentiment de fierté, toujours accompagné de honte et de déshonneur . Honte pour la fonction, fierté pour l’Histoire, déshonneur pour l’effacement de ma personne. Mais c’est le prix à payer quand on n’est ni né ni construit dans la lumière, on reste dans l’ombre.


*


Est-ce parce qu’elle est la femme de Céline ou parce qu’elle est femme d’elle-même que madame D nous cisaille en mille morceaux et qu’on en redemande ?


*


Comment décrire l’insoutenable longévité de la vie quand le corps implose l’inéluctable disparition ? Je traverse son éternel sursis comme une extraordinaire aventure qui m’amène à interroger sur ce que ce diable de temps inflige. Sommes-nous à la hauteur de la vie qui résiste au-delà du vivant ?








Sandra Vanbremeersch est une artiste et écrivaine française née en 1972. Elle est diplômée d’un doctorat d’arts plastiques et de sciences de l’art. La dame couchée est son premier roman







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