Ce titre populaire de « monument national » pourrait revenir à un certain nombre de célébrités et il est évoqué lorsque le dit monument fait ses adieux définitifs à ce bas monde. Dans ce roman, les pistes sont brouillées mais malgré tout, l’ombre d’un géant plane sur le texte, au point qu’il est parfois difficile de s’accrocher au portrait du personnage fictif ré-inventé. Trop d’indices pour ne pas percevoir la malice de Julia Deck.
Notre monument, donc, la soixante alourdie de quelques années de gloire et d’abus, vit dans son château de la couronne-est de la capitale, avec sa troisième épouse, et toute une armada d’employés qui résident sur place.
De son côté, Cendrine vit des jours mornes à la caisse du U qui l’emploie pour retrouver en fin de journée son garnement de fils. On apprend que la jeune femme vit sous une fausse identité.
Comment les histoires de deux mondes si différents pourront-elles se rejoindre ? C’est tout le sujet du roman.
C’est drôle, caustique, enlevé, on ne s’y ennuie pas deux minutes, tant les portraits des personnages sont ciselés avec un humour grinçant.
Comme dans Propriétés privées, Julia Deck a l’art de mettre le focus sur les fragilités et les bassesses de nos groupes sociaux. Avec légèreté mais fermeté.
Un excellent moment passé en compagnie de ce monument national.
208 pages Les éditions de minuit 6 janvier 2022
Quand Serge avait rencontré Ambre, celle-ci n’avait pas fait de difficulté pour le garder à leur service. Le jeune homme rassurait son mari. Il représentait même un atout indispensable dans le combat qu’elle mènerait, les années suivants, contre les Jack, Daniel’s et Black.
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Pour contrer l’ombre menaçante des grands arbres, notre mère avait peuplé les moindres recoins de machins en plastique. Notre problème, c’était les bouquins. Nous les planquions derrière les commodes, au fond des tiroirs, sous les draps, prêts à les dégainer à la lueur de nos smartphones.
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