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Les femmes n'ont pas d'histoire ⭐️⭐️⭐️⭐️

Amy Jo Burns

Traduction (Anglais) : Héloïse Esquié











Cette toute jeune fille, aux vêtements recyclés, à la grande tresse démodée, et au regard brulant, vit à distance d’une petite ville de Virginie occidentale, dont les sources ont été polluées par l’industrie chimique qui fait vivre et mourir ceux qu’elle emploie. Dans la masure familiale, mais peut-on parler de famille, la mère voudrait lui parler, la mettre en garde, pour lui éviter le même destin misérable que le sien, épouser un homme que l’alcool détruira corps et âme jusqu’à en faire un monstre. Cet être hors norme s’est construit sur un coup de foudre. Pas de ceux qui font vibrer les amoureux, non, un vrai foudroiement, qui a blanchi un de ses yeux. Son art de manipuler les serpents a fait le reste : l’’homme rassemble les fidèles autour de lui pour répandre la bonne parole, celle du livre sacré.

L’activité n’est cependant pas assez lucrative pour assurer la subsistance de la famille , d’autant qu’une bonne partie des gains finance l’alcool de maïs clandestin distillé dans les collines.


S’ils vivent hors du temps, quelques indices montrent que l’histoire se déroule bien de nos jours. La technologie n’a pas atteint les cabanons isolés, mais les ordinateurs et les téléphones existent à deux pas.


Le décor, les personnages, l’intrigue centrée autour de la personnalité de ce gourou, tout m’a plu. Le destin de ces femmes, conscientes d’être des esclaves, mais incapables de s’extraire de leur geôle, avec de génération en génération l’espoir que leur propres filles s’en sortiront est à la fois révoltant et émouvant. 


C’est une Amérique que l’on entrevoit guère que dans la littérature, trop politiquement incorrecte, et pourtant elle existe, encore et toujours. Alors merci à ce roman de sortir ces destins brisés de l’anonymat général. 


312 pages 17 février 2022 10-18

#Lesfemmesnontpasdhistoire #NetGalleyFrance







Fabriquer du bon moonshine, c’est un peu comme raconter une bonne histoire, or personne ne raconte les histoires mieux qu’une femme. La femme sait que les légendes et l’alcool sont meilleurs concoctés à l’arrière d’un pick-up à la tombée du jour, et elle sait raconter lentement, distillant son récit comme le whisky qu’on fait couler goutte à goutte à travers le tamis.


*


Quand a commencé l’histoire de la fille du manipulateur de serpents, je venais juste d’avoir quinze ans. A l’époque, je ne savais pas grand-chose du monde extérieur, car mon père me le cachait. Nous appartenons à une civilisation orale, disait-il toujours, et elle est en train de mourir. Il accusait le charbon, il accusait l’héroïne. Il ne s’accusait jamais, lui.


*


Leur télé m’avait appris qu’on pouvait acheter n’importe quoi en ce monde avec un petit rectangle de plastique plat appelé carte de crédit, et qu’il y avait des gens qui se faisaient payer pour le genre de guérisons que mon père affirmait effectuer gratuitement. 






Amy jo Burns est née en  1981 et a grandi en Pennsylvanie. Elle est l’autrice d’un mémoire dénonçant un scandale sexuel survenu dans sa ville natale. Les femmes n’ont pas d’histoire est son premier roman .







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