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Femmes d'été, femmes d'hiver ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Chris Kraus












Jonas est étudiant en cinéma. Il doit rendre sa copie, autrement dit un court-métrage. S’il a une idée vague du sujet qu’il pourrait traiter, ce qui est clair c’est qu’il ne tournera pas « un film à la con sur les nazis !  ».


Le lieu de tournage du futur court-métrage est New-York, et ce sont les confidences de trois carnets noircis lors de ce séjour déconcertant qui permettent au lecteur de fréquenter pour un temps les lieux branchés de la ville qui ne dort jamais, de s’immiscer au coeur ses souvenirs d’une tante sauvée par un officier nazi malgré ses origines juives et d’assister aux tergiversations amoureuses du jeune homme.


La galerie de personnages est haute en couleur, de l’hôte obèse atteint du syndrome de Diogène qui l’hébergera pour un temps, au fantasque équivalent d’un directeur de thèse. Sa fiancée restée à Berlin n’a pas un profil banal et notre narrateur lui-même fragilisé par un traumatisme crânien, a du mal à trouver ses repères cours de  ce voyage qui fait voler en éclat ses certitudes passées.


Les situations cocasses et le regard à la fois tendre et sévère sur les personnages  donnent un ton léger qui n’empêche pas de traiter avec sérieux le sujet en toile de fond, à savoir le rôle des SS dans les pays baltes au cours de la deuxième guerre mondiale.


Quel sera le sujet du court métrage réalisé à New-York, l’érotisme des oreilles ou un « film à la con sur les nazis » ?  Les lecteurs le découvriront au terme du récit. 


Lu avec plaisir et je remercie les éditions 10/18 et Netgalley.


408 pages 10-18 17 Février 2022

#Femmesdétéfemmesdhiver #NetGalleyFrance





Contrairement à moi, mon père a constaté par lui-même que dieu, comme il disait, nous mettait toujours des bâton dans les roues, car ses roues à lui étaient toujours pleines de bâtons.

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On en fait trop avec l'avenir, surtout qu'il n'existe pas. C'est un virus qu'on attrape dans le passé et qu'on couve dans le présent. Comme le sida. On finira par en mourir, peut-être pas tout de suite, mais un jour ou l'autre, c'est certain.

*

Les blagues raffermissent les muscles qui savent à s'arc-bouter entre la lourdeur, l'injustice et toutes les merdes qui vont avec la coexistence forcée.

*

J'ai souvent échappé à la mort, mais encore jamais avec cette conviction d'en avoir tiré une leçon. La survie  est toujours instructive, au contraire du train-train quotidien qui donne à notre existence des airs d'évidence.






Chris Kraus est cinéaste et écrivaine, née en 1955. Actuellement, elle partage son temps entre la Suisse, où elle enseigne l’histoire du cinéma à la European Graduate School, et Los Angeles, où elle vit. 


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