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Le goût des garçons ⭐️⭐️⭐️

 Joy Majdalani












A peine sortie de l’enfance, la jeune fille qui nous confie ses pensées les plus intimes est tourmentée par sa relation aux garçons. Au -delà de l’éveil  des sens et des bouleversements hormonaux propres à cette période de la vie, l’attirance naturelle répond en miroir au désir de plaire ou plutôt à la crainte de ne pas être désirable. 


Dans ce domaine, l’apparence et les conventions sociales viennent ajouter une complexité aux relations qui se créent. Avec les autres filles, concurrentes ou inoffensives, bonnes copines ou traîtres, sans que ces rôles aient quoi que ce soit de définitif. Avec les garçons, à travers les tentatives plus ou moins audacieuses d’enrichir le champ de son inexpérience, quitte à se forger une personnalité de « pute ».


L’environnement est particulier puisque le roman se déroule au sein d’une institution religieuse que la mixité tarde à atteindre. Les mises en garde et la surveillance des chastes professeurs se doublent des préconisations des parents qui semblent plus concernés par le respect des conventions sociales visant à ne pas se compromettre avec des fréquentations jugées indignes que par la conduite sexuelle de leurs filles.


Je ne suis pas adepte de ces romans d’apprentissage contemporains, en raison de la crudité de leur propos. Celui-ci offre l’avantage d’ouvrir sur l’aspect social qui sous-tend les comportements et l’impact ces réseaux sociaux, incontournables dans la vie de nos ados. 


176 pages Grasset 5 janvier 2022

Sélection POL 2022





Chaque mère y allait de son style individuel. Au sujet de l’éducation des jeunes filles, chacune avait échafaudé un système de croyances contre lequel nous ne pouvons rien. Des années d’observations sociales minutieuses et une amertume tenace contre leur propre mère leur avait servi de laboratoire. Elles en avaient tiré un manifeste éducatif qui stipulait en termes très précis quand et comment autoriser les filles à porter des talons, s’épiler, ou sortir sans supervision.




Dans un cours de gymnastique, je vis saillir pour la première fois un muscle de garçon. Il s’agissait d’un anodin biceps, légèrement bandé par l’effort. J’eus envie d’y apposer ma langue, de goûter le sel de ce bras, qui avait son existence propre, sans égard pour l’insignifiant garçon qui lui servait d’appendice.




Joy Madjalani est libanaise et vit à Paris depuis 2010. Le goût des garçons est son premier roman. 



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