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Tout est ori ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Paul Serge Forest












Un feu d’artifice éblouissant. À la saveur des expressions québécoises imagées et réjouissante, s’ajoute une intrigue complètement folle !


Dans un port de la côte nord du Québec, règne la famille Delage, qui commercialise coquillages et crustacés avec une rigueur sanitaire plus ou moins stricte, tentant de passer entre les gouttes des contrôles, gérés par un enfant du pays, insomniaque  et obstiné, Frédéric Goyette, insomniaque notoire bien décidé à dépister les fraudeurs.


Lorsque le patriarche meurt, Robert le fils veut étendre le marché de l’entreprise. Les japonais sont en mal de fruits de mer aprè la catastrophe de Fukushima : le malheur des uns fait la richesse des autres. 


Lorsqu’arrive sur la scène Mori un japonais qui dit représenter le Conglomérat, client de l’entreprise, des événements étranges se produisent, tandis que Laurie l’une des filles de Robert se lie d’une curieuse façon à Mori. 


Le coeur du problème, c’est une toxine lumineuse et addictogène, sécrétée par les coquillages, et qui bouleverse la tranquillité de la région.


Résumer ainsi ce foisonnant roman ne lui rend pas justice. Les personnages, traqués jusque dans leur plus secrète intimité, révélant ainsi les originalités cachées dans leurs jardins secrets, les situations ubuesques et hautes en couleur, l’étrangeté de la couleur générée par la toxine, une sorte d’umami des couleurs, les relations familiales complexes, tout cela est développé avec beaucoup d’humour.


La langue fleurie du Québec peut parfois laisser au bord du récit le lecteur de langue française, peu importe, l’imagination ou la patience de découvrir le sens exact avec le contexte, permettent de surnager. 


Original, flamboyant, et réjouissant !



352 pages  Les Équateurs 11 mars 2022 

Sélection POL 2022





Personne n’appelle ça une mye. Pour les Lelarge, ce sont des clams, comme en Nouvelle-Angleterre, nom masculin ou féminin selon les circonstances. Les autres, qui parlent bien, disent palourde. En latin, c’est Mya arenaria et on s’attendrait, avec un nom pareil, à ce que ce soit une fille de l’Est, championne, peut-être de tennis. A l’extérieur, elle est en blanc, comme à Wimbledon. A l’intérieur, c’est un mollusque, avec tout ce que cela suppose.


*


Il y a un sens vulgaire au mot clam qui diffère de celui du mot moule. Sur la côte nord, on appellera aussi clam toute compression de mucus, crachée ou expectorée,  dans les contextes langagiers ou le mot morviat n'est pas assez fort. On raclant de façon sentie leur oropharynx avant de cracher dans la cour de récré, les petits gars avertissaient ainsi Laurie : « Tchèque bien la clam. » Laurie faisait mine de s'en dégoûter, mais se retournait tout de même, par curiosité des fluides, pour mesurer l’épaisseur de la chose.



*


Tu comprends pas… Je les ai déjà empoisonnés. C’est déjà fait. C’est en train d’arriver. Tabarnac de marde du calisse. 


 



Paul Serge Forest est un écrivain canadien du Québec. 


Tout est ori, Prix Robert-Cliche 2021, est son premier roman.  

 









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