Marie-Diane Meissirel
Le personnage fil rouge de ce roman mélodieux est un piano, un Steinway, marque mythique et prestigieuse. Le Steinway qui hante ces pages est de plus unique et reconnaissable en raison d’une gravure incrusté sur son bois, et qui représente deux papillons unis pourl’éternité.
C’est aussi l’histoire d’une partition, qui reproduit un adagio de Bach, elle aussi unique, portant deux idéogrammes calligraphiés sur sa page de couverture. Ces deux éléments, l’auteur nous propose de les suivre dans leur périple complexe entre la Chine et les États-unis, tout au long d’une période qui va de la deuxième guerre mondiale jusque’à nos jours;
Il faut donc s’accrocher pour suivre les sauts dans le temps et l’espace et se repérer dans la généalogie des personnages, d’autant que l’auteur ne la dévoile dans son intégralité que tard dans le récit. C’est d’autant plus complexe que la chronologie n’est pas respectée.
Il n’en reste pas moins que l’histoire de cet instrument et des musiciens qui l’ont joué est émouvante par ce qu’elle laisse transparaître de la beauté et de la profondeur des émotions que peut susciter la musique.
On traverse aussi au cours des pages des périodes noires de l’histoire récente de notre humanité, où les remous de la haine ont pu broyer des destins pourtant prometteurs. De la répression du régime de Mao, aux massacres de la guerre en Europe, les hommes ont montré la noirceur de leur âme quand le pouvoir les consigne dans un univers si loin des destinées individuelles qu’ils sont censés protéger
Un beau roman sur fond de musique divine.
256 pages Les escales 6 janvier 2022
Sélection POL 2022
Seule dans le noir, Tillie guette les derniers rayons du soleil. Ils sont les rares visiteurs de sa maison de +Happy Valley, les compagnons de ses interminables journées. Elle aimerait aussi accueillir le vent, sa caresse, ses murmures mais ici, il est sauvage et ne vient qu’en rafales alors les fenêtres restent closes pour éviter que les portes ne claquent et se referment sur sa solitude.
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Comment ce garçon pouvait-il avoir la hardiesse de s’attaquer à ce morceau devant lui ? Etait-ce de la provocation, une volonté déplacée d’éblouir, un suicide ou un acte d’héroïsme ? Il n’eut pas à se poser la question très longtemps : l’enfant insignifiant occupait désormais tout l’espace, son corps chétif palpitait, traversé par une énergie prodigieuse, ses mains se déplaçaient sur le clavier avec une agilité étourdissante, nulle hésitation ne venait contrarier le courant tumultueux de la sonate.
Marie-Diane Meissirel est une romancière née en 1978.
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