David Lelait-Helo
Lorsqu’un crime ou un attentat est commis et largement diffusé par la voie des médias, l’auteur des faits est ciblé et n’échappe pas aux lumières aveuglantes des projecteurs. Mais au delà des victimes directes, pense-t-on aux victimes collatérales de ces drames, les parents et proches des criminels ? C’est le thème abordé dans ce roman dont le titre est clair : comment réagit-on lorsque l’on se rend compte que l’on a engendré un montre ? Vivre le dilemme insoluble de brûler ce que l’on a adoré.
Madame de Miremont a la réserve hautaine des femmes auxquelles jamais rien n’a résisté. Un mariage arrangé pour assurer la pérennité d’une lignée, une foi sans question, soutien de tous les instants, et pour couronner le tout, la naissance d’un fils, après deux filles quasiment ignorées. Le fils parfait, marchant sans les pas de sa mère, et si conforme aux ambitions maternelles qu’il épousera la prêtrise.
Lorsque le scandale éclate, par l’intermédiaire de la presse locale, Madame est d’abord outrée que l’on attaque cette institution sacrée qu’est l’église. Et peu à peu le doute puis l’horreur s’installent, elle est obligée de convenir que le montre pédophile est son propre fils.
Pas de divulgachage dans ces lignes, le lecteur sait dès le départ ce qu’il en est. L’auteur s’applique à suivre le cheminement maternel, dans la découverte de cette abomination puis dans le souhait de réparation.
Un point de vue original, pas souvent évoqué et une analyse fine des processus mentaux à l’oeuvre dans l’esprit de cette mère détruite, dont tous les idéaux de vie, aussi critiquables furent-ils, sont anéantis par la terrible découverte.
L’écriture est le miroir de l’esprit de cette mère, maîtrisée, sans lyrisme inopportun, mais sans pudeur vaine. Une belle lecture.
201 pages Héloise d’ormesson 13 janvier 2022
Sélection POL 2022
Les lettres jamais envoyées sont évidemment les plus dangereuses, je le sais. Elles dévoilent les mots que leur abandon a moisis et transpirent d’un venin dont le temps décuple les effets.
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Je pourrais compter les moutons, ou mes jours. J’en ai vécu plus de trente trois mille deux cents. Toutefois, combien laissent vraiment une trace ? Dans une existence, il y en a bien quelques uns, des jours pivots articulant l’échafaudage complexe qu’est notre vie, des jours plaisants, des jours à marquer d’une pierre blanche il y a aussi une poignée de jours funestes. Mais se déplient surtout des milliers de jours pâles et transparents dont rien ne sera retenu, des éphémères morts et enterrés à l’approche du lendemain.
Né à Orléans en 1971, David Lelait-Helo a écrit de nombreux ouvrages avec pour thème de prédilection des destins de femmes.
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