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Evidemment Martha ⭐️⭐️⭐️⭐️

Meg Mason

Traduction (Anglais) : Anne Le Bot












C’est un roman du mal-être, des malentendus, des rendez-vous ratés. 


La narratrice a vécu ses dix-sept ans comme une chute sans fin dans une faille existentielle. En y a perdu ses repères, et une ombre s’est propagée sur tout ce qui fait le sel de la vie.


D’errance diagnostique en espoirs chimiques, les mises en garde ont fait peser sur une potentielle maternité une menace sournoise.


Après un mariage éclair, une erreur de jugement, les révélations tardives d’un amoureux de longue date ont enfin permis une vie de couple. Chaotique, certes, mais soutenante, malgré tout. 

Jusqu’au jour où un nom est attribué aux symptômes et avec lui le remède adapté. Fin du combat ou début d’un tsunami ?


Avec les confidences au jour le jour du malaise qui a marqué la vie de cette femme, sont abordées de nombreuses questions autour de la maladie mentale.


Comment vit-on avec ? Comment vit-on lorsque l’on partage le quotidien d’une personne concernée ? Quels impacts sur la famille, entre sollicitude et rejet ? 


La relation du couple est particulièrement approfondie, et ce qui aurait plus apparaitre comme une abnégation n’est-il pas finalement un piège qui maintient la jeune femme dans un statut d’assistée ?


La question de la maternité n’est pas uniquement celle des effets secondaires des médicaments, mais aussi celle de la capacité d’être mère lorsque le paysage habité est si instable. Curieusement on y retrouve pas la notion du risque de transmettre la pathologie qui est cependant héritée des femmes de la lignée.


Ne pas se laisser affliger par la morosité ambiante du début : on s’attache finalement à ce personnage fragile et imprévisible.


Ne pas non plus y chercher un traité consacré à une pathologie psychiatrique précise, là n’est pas le but. 


Un petit bémol pour des phrases incompréhensibles : effet de la traduction ou de la lecture d’épreuves non corrigées ?


Merci à Netgalley et aux éditions Cherche midi


416 pages Cherche Midi 12 mai 2022

#EvidemmentMartha #NetGalleyFrance






Parce que, quand la souffrance est inévitable, la seule chose qu'on peut choisir, c'est le décor. Pleurer toutes les larmes de son corps en longeant la Seine, ce n'est pas la même chose que pleurer toutes les larmes de son corps en traînant dans Hammersmith.


*



J’ai regardé mon mari, qui avait plongé un doigt dans son verre pour y repêcher un objet invisible, puis je me suis retournée vers la femme et lui ai expliqué que Patrick était un peu comme le sofa de la maison où on a grandi. « Il était là, c'est tout. On se demandait jamais d'où il venait car, aussi loin qu'on s'en souvienne, il avait toujours été là. Même aujourd'hui, si il y est encore, personne ne lui prête la moindre attention. »


*


Quand j'étais adolescente, un médecin m'a filé des médocs en me disant de ne pas tomber enceinte. Le suivant m'a donné autre chose, mais a tenu le même discours. Les uns après les autres, tous les médecins ont établi des diagnostics et prescrit des traitements en affirmant que leur prédécesseur s'était trompé, mais avec toujours la même mise en garde.






Meg Mason est journaliste. Evidemment Martha est son premier roman publié en France. Il sera adapté au cinéma.





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