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Débarquer ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Hugo Boris











Le titre ne ment pas : le roman s’ouvre sur cet épisode à la fois dramatique et salvateur de la deuxième guerre mondiale : le débarquement en Normandie. Dans un environnement terriblement hostile, la nuit, les embarcations instables, la mer houleuse, et rapidement les cadavres qui s’échoueront sur les plages, on assiste comme si on y était au drame humain qui se joue là, et qui est bien plus terrifiant que ce que le cinéma a bien voulu mettre en images.  


Sans transition, le temps a passé, et c’est de nos jours que nous faisons connaissance avec Magali, une jeune femme éprouvée par la disparition inexpliquée du père de ses enfants, parti pour son jogging et jamais revenu. Jonglant avec les tracas d’une organisation quotidienne à gérer seule, elle ne parvient pas à éviter une mission que son employeur lui confie : accompagner un vétéran américain sur les lieux du débarquement. Une rencontre qui changera sa vie…



La crainte de devoir lire un roman de guerre s’estompe vite, et le changement soudain de temporalité et d’ambiance, met au contraire en valeur la prouesse d’écriture de la première partie.


L’auteur attire aussi l’attention sur cette profession de guide touristique, avec les travers des touristes qui se pensent malins dans leur réflexion, ou qui savent plus que le guide lui-même. Même leur tenue vestimentaire n’échappe pas au regard peu amène de l’auteur. 


Histoire originale, très bien écrite, qui rétablit des vérités et ne manque pas d’ironiser sur les maladresses de nos contemporains. 



193 pages Grasset Aout 2022 







Neuf mois que Darius n'est pas mort, qu'il n'a pas été tué, qu'il ne s'est pas suicidé, qu'il n'est pas parti. Qu'il ne m'a pas quitté. Ils se sont disputés à propos de rien. Elle a employé le mauvais ton au mauvais moment, il est parti courir, ça fait neuf mois qu'il galope sans argent, sans Carte vitale et sans chargeur.


*


Si il y en a dans ton groupe qui se réjouissent des morts allemands, lui avait-il dit une fois, ou qui viennent ici en conquérants, persuadés d'être du bon côté de l'histoire, tu leur parles des dix mille déserteurs américains qui erraient sur les routes de Normandie comme des bandits de grand chemin pour attaquer leur propre convoi et revendre les marchandises au marché noir. Et si ça ne suffit toujours pas, tu leur parles des trois mille cinq cent femmes qu'ils ont violées.


*



Je me souviens de mon réveil, le 7 juin, a ajouté Andrew quand le train arrivait à quai. Nous étions déjà à l'intérieur des terres, parce que les camarades avaient réussi à prendre les sorties de plage, la veille. Une drôle de journée le 7 juin, on n'en parle jamais du 7 juin. Je me suis réveillé dans un trou, j'étais gelé, j'étais sale. J'étais vivant.









Hugo Boris est un écrivain français. 

Diplômé de l'Institut d'études politiques de Bordeaux et de l’École nationale supérieure Louis-Lumière, il travaille dans une école de cinéma le jour et écrit la nuit.


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