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Les gens de Bilbao naissent où ils veulent ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

Maria  Larrea











Lorsque le récit commence, nous sommes à Bilbao, au coeur du pays basque espagnol, alors que vient au monde une petite fille rapidement confiée à un orphelinat. Victoria reviendra cependant plus tard dans sa famille, pour y vivre l’enfer.

Julian est le fils d’une prostituée obèse et sera confié aux jésuites. Ces deux enfants venus au monde pour en être rejetés, la narratrice nous l’apprend dans les premières pages, sont ses parents. 


Viendra le récit de l’enfance, à Paris, alors que la famille loge dans un appartement de fortune dans les locaux du théâtre de la Michodière. L’alcoolisme du père, les angoisses de la mère constituent la toile de fond de ce décor de pacotille, rehaussé de la difficulté de masquer ses origines. L’intégration se fait cependant, et le hasard tend la main à Maria, qui réalise un pari tenté sur un signe du destin, entrer à la Femis.


C’est bien plus tard qu’une séance de tarot vient remettre en cause tout ce qui a construit la jeune femme…


Cette autobiographie est remarquable par la complexité du parcours familial, certes, mais aussi par le ton et l’écriture, qui ne laisse pas de répit. Dès les premières lignes, on se passionne pour ces destins misérables mais marqués par une volonté de s’en sortir, avec plus ou moins de succès. C’est vivant, dynamique, passionnant.


Une vrai réussite que ce premier roman écrit avec une énergie communicative.


224  pages Grasset 17 Août 2022




Le poulpe crachait encore une bave mousseuse sur les rochers quand Dolores s’en saisit. 

Elle n'avait pas peur, elle le tentait fermement à la jointure de la tête et des tentacules. Il devait bien mesurer 1 mètre sur toute sa longueur. Doucement, le céphalopode enroulait l’un de ses huit appendices visqueux sur le bras de Dolores. Pas un soupçon d'effroi ou de dégoût devant les embrassades de l’animal.


*


La bâtisse pour seule  coquetterie une cour intérieure où séchait le linge et où se trouver l’autel des dignes maîtresses de maison de la région : un lavoir en pierre dans lequel Dolores battait le linge, le poulpe et son fils.



*


A l’inverse des plantes et des fruits, nous, humains, pourrissons dans l’invisible. Cancers, tumeurs, crises cardiaques, AVC, tout se meurt de l’intérieur, parce que l’homme est malhonnête.







Maria Larrea est née à Bilbao en 1979. Elle grandit à Paris où elle suit des études de cinéma à La Fémis. Elle est réalisatrice et scénariste. 





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