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L'homme qui danse ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Victor Jestin











Le décor est simple : La Plage, une boîte de nuit, ouverte dans les années 90. Les premiers pas humiliant sur la piste de danse  auraient pu le dissuader à vie d’y revenir . Et pourtant, peu à peu, dans le vide de son existence le narrateur s’accrochera à cette vie nocturne et ses artifices, au point d’en devenir un ancrage sécurisant. 


Malgré tout, la solitude hante les pages ; Arthur ne parvient pas à créer des liens durables avec ses congénères et en particulier avec les filles. Le roi de la danse reste désespérément seul. 


Avec les années qui passent, on sent qu’au-delà des néons et de la déco minimaliste, à l’extérieur des minces frontières de la boite, les temps changent. Les êtres croisés apportent avec eux les indices qui témoignent de  cette évolution. 


Beaucoup de sensibilité dans ce texte intime, qui retrace l’itinéraire d’un solitaire, en quête permanente d’une place légitime, jamais à l’aise dans la relation, toujours à contretemps dans sa façon d’être. 


Très belle écriture, précise et authentique. Belle réussite après La chaleur.



192 pages Flammarion 24 Août 2022





Au petit matin les boites de nuit trahissent. Elles révèlent d'un seul coup la laideur et la saleté. Les lumières s'allume, et la musique s'éteint ; l'air sent la sueur et l’usine, le sol colle, le palmier est en plastique. Il y a des murs et un plafond, la pièce a des dimensions. Pire, tout le monde s'en va. Reste les plus saouls, les plus désespérés, comme des enfants qui refusent d'aller au lit. Le videur les chasse. La fête est finie. Il n'y a plus que le bâtiment vide, et moi, oublié sur la banquette du fond. 


*


D'un petit sachet de plastique il a sorti discrètement deux comprimés de couleur. J'ai paniqué en silence, affecté un air détaché. Comment fallait-il procéder ? Je me rappelais les premières cigarettes que Vincent m'avait donné au lycée alors que je ne savais pas fumer. Ça continue. On me donne des choses à inhaler, à gérer, absorbé, et je devais m'en débrouiller sous le regard de ceux qui guettaient l'erreur, comme si il y avait quelque honneur à consommer, comme si la drogue ou l'alcool était un artisanat viril, une compétence, un courage en soi.







Victor Jestin est né en 1995. L’homme qui danse est son deuxième roman.







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