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La chaleur

Victor Jestin








  • Broché : 144 pages
  • Editeur : FLAMMARION (28 août 2019)
  • Collection : LITTERATURE FRA
  • Existe en version numérique 
  • Langue : Français







Dès l’incipit, le  récit s’impose  : « Oscar est mort parce que je l’ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d’une balançoire, comme les enfants dans les faits divers. »

C’est intrigant, dérangeant, et c’est avec une certaine inquiétude que l’on pourvoit la découverte de l’ado qui s’est ainsi livré au lecteur. Et l’on découvre une personnalité plutôt ordinaire, peut-être un peu plus angoissé que la moyenne, mais avec les mêmes préoccupations, plaire, s’intégrer, mais pas trop, pour conserver une part de mystère. La  vie quotidienne d’un futur adulte. A ceci prêt qu’il s’est ajouté une charge mentale énorme, en laissant celui qui n’était même pas son pote et qui était passablement bourré, mourir sous ses yeux. Il fait même pire et cela je ne le révèle pas. Le texte est suffisamment court et dense, pour laisser au lecteur le soin de découvrir les moments clés de l’histoire.

Roman très habile pour insuffler des sentiments contradictoires d’empathie et de rejet pour le jeune garçon coupable sans l’être mais qui s’enferme dans une impasse invivable, tandis que la vie au camping continue dans sa banalité et ses trivialités ordinaires. A la fois lucide et insensé, le passage à l’acte n’est qu’un reflet de sa détresse dans un monde qu’il ne reconnait pas comme le sien.

Grand art également pour la chute, mais chut!











Je les ai trouvés tous immondes, avec leurs serviettes de couleur autour de leurs corps flasque, maigres, musclés, tous bronzés jusqu'aux oreilles, heureux de se laver avant l'apéro, heureux d'être heureux et pourtant tous tristes et seuls dans la foule tout aussi seule de ce camping aux trois étoiles pourries - on lui enlèverait les trois d'un coup à la découverte du cadavre d'Oscar.

*

Oscar est mort parce que je l’ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d’une balançoire, comme les enfants dans les faits divers. Oscar n’était pas un enfant. On ne meurt pas comme cela sans le faire exprès, à dix-sept ans. 

*

Tout était triste et lent ce dimanche. Le sol était détrempé, boueux, couvert de flaques et de petits ruisseaux. Les campeurs creusaient des rigoles, étendaient leurs affaires sous le soleil disparu. C'était une défaite générale. Les tubes de crème solaire et les matelas gisaient. Tout gisait dans la grisaille.








Victor Jestin
est diplômé du Conservatoire européen d'écriture audiovisuelle (Ceea) depuis 2017.


Il a passé son enfance à Nantes et vit aujourd’hui à Paris. "La chaleur" (2019) est son premier roman.  

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