Léna Paul-Legarrec
Lulu jette un regard désenchanté sur le monde. Cible de ses camarades à l’école, lieu où toutes les singularités isolent, cadré plus que nécessaire à la maison où l’absence de père est compensée par la rigueur et l’austérité d’une mère seule, Lulu trouve refuge dans un projet né d’un geste anodin, mais dissimulé : il a trouvé un coquillage sur la plage. C’est le début d’une collection. Il a dû argumenter et avancer de fausses allégations de santé pour faire accepter cette accumulation dans sa chambre. Il devra restreindre ses cueillettes tant l‘entreprise est féconde. Pour finir par se consacrer aux bouteilles avec message…
Itinéraire d’un garçon malchanceux, mais obstiné, dont les confidences nous apprennent peu à peu les malentendus sur lesquels il s’est construit.
Le style est simple, mais pas bêtifiant, et on s’attache rapidement à ce petit garçon qui malgré les apparences fait preuve d’une force et d’un courage remarquable.
Premier roman de l’autrice, à la fois poétique et initiatique, et mérite une lecture attentive.
176 pages Buchet Chastel 18 Août 2022
#Lulu #NetGalleyFrance
On se focalise toujours sur les grandes décisions. Finalement, ce sont les petites, irréfléchies, qui bouleversent nos vies.
*
Oui, je sais qu'il ne s'agit pas d'animaux marins, mais l'océan est le réceptacle de la vie et j'ai l'espoir insensé d'un miracle. Je ferme fort les yeux et présage qu'ils se retrouvent tous dans un abyssal éden festoyant ensemble. La sardine trinque avec l'hippocampe, l'abeille danse aux bras du poulpe, la mouette rit avec l’étrille.
*
Il est de ces gens là, de ces gens de passage, à l'empreinte fragile, aux traces qui s'effacent aussitôt esquissées et qui pourtant bouleversent. Parfois les inconnus chamboulent nos vies. Parfois le fugace se fait tenace.
*
Pour le moment, je n'ai pas envie de la connaître, cette histoire avant moi, avant ma naissance. Je me suis construit sur un vide, mes fondations sont creuses, suspendues dans un néant. Nous ne sommes pas seulement notre mémoire, nous sommes aussi nos oublis, les trous de notre mémoire, nos absences, nos comblements, la fiction de ces comblements.
*
La vérité, avons-nous besoin envie d'elle, besoin d'elle. Je ne crois pas. Il n'y a qu'une vérité, celle qu'on s’invente chaque jour.
Léna Paul-Le Garrec vit à Nantes. Elle a été libraire puis est passée du côté de l’édition. Elle se consacre aujourd’hui à l’enseignement.
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