« On n’apprend rien de la victoire, on n’apprend que de la défaite", disait Clemenceau. La formule pourrait résumer le thème de ce livre d’Aurélien Barrau, qui s’attache à démontrer, qu’en sciences, dans le domaine de la recherche, ce sont les épines, les îlots d’incompréhension, les énigmes , les écueils d’une théorie qui semblait l’ultime, en un mot, les anomalies, qui permettent d’avancer.
Que ce soient les trous noirs, les relations paradoxales de l’entropie et du big bang, l’énergie de certains rayons cosmiques, toute ces entorses à la mécanique bien huilée et qui souvent dépassent l’entendement, constituent un terreau fertile pour une évolution des idées et des modèles, qui sont de toutes façon faux jusque’à ce qu’un nouveau concept émerge, avec sa part provisoire de vérité.
Hormis le questionnement sur le raisonnement, qui doit toujours être remis en cause, ces réflexions débouchent sur des questions métaphysiques. Mais ce n’est pas le propos. Lors de la visioconférence, alors que l’on a demandé à Aurélien Barrau pourquoi il excluait l’existence d’un Horloger à tout ça, la réponse est claire. Il ne parlera pas de son positionnement, qui est une affaire personnelle, et considère qu’il s’agit d’une question beaucoup plus sérieuse que celle qui voudrait que la physique corroborerait l’existence de Dieu. Il confesse d’autre part que les scientistes anticléricaux l’agacent encore plus que les croyants fondamentalistes !
Pour revoir au propos de l’ouvrage, j’aime aussi cette comparaison de la réflexion humaine, limitée à ses capacités sensorielles et intellectuelles, au monde des poissons :
« Les poissons pourraient s’étonner qu’il y ait de l’eau partout dans l’univers. Mais en réalité la solution est plus simple. Là où il n’y a pas d’eau, il n’y a pas de poisson pour le constater ».
Ce livre, qui aborde des problèmes complexes, et on le conçoit puisque ce sont ceux qui font cogiter la communauté scientifique, est aussi superbement écrit, et met en évidence que science et poésie sont loin d’être incompatibles.
Je remercie sincèrement Babelio et les éditions Dunod pour cette lecture, assortie d’une rencontre virtuelle passionnante, et qui m’a permis de sortir de ma zone de confort.
208 pages Dunod 7 septembre 2022
Masse critique privilégiée Babelio
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