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La nièce du taxidermiste ⭐️⭐️⭐️

 Khadija Delaval      

 









Elle a treize ans. Elle nous raconte l’irruption de la puberté dans sa vie de jeune fille. Bien qu’elle ait été avertie, elle n’avait pas vraiment compris qu’elle serait concernée. Les premières règles constituent un véritable traumatisme, dont il sera question tout au long du roman, car cet événement intime sera associé à d’autres souvenirs encore plus douloureux.


Si elle vit en Suisse, les vacances d’été se passent en Tunisie, dans la maison familiale, avec les oncles et tantes, les cousins et les cousines. Les relations sont troubles, entre séduction et chamaillerie de l’enfance. On perçoit la sexualisation malsaine des échanges, d’autant plus dérangeante, que la jeune fille n’en comprend vraiment l’enjeu. Ce qui en ressort par contre clairement, c’est la place et le rôle attribué aux femmes, objets à marier, au cours d’une fête qui contribue à pérenniser leur statut sous couvert de traditions.


L’épisode le plus dramatique est curieusement traité avec un certain détachement, de la part de la victime au moment des faits, mais aussi de la narratrice qui en parle. Il faut l’insistance d’un ami témoin de la scène pour qu’elle prenne conscience de l’inadmissible. 


Le versant culturel de ce roman est tout à fait intéressant, mais malgré tout, on ressent un malaise lié au décalage entre ce qui a été vécu et ce qui est ressenti. L’immaturité de la jeune fille n’est pas suffisante pour expliquer cette indifférence affichée. Il ne s’agit même pas d’un pardon puisqu’il n’y a pas de crime. 


Impression mitigée pour ce premier roman qui se démarque par le ton sur un sujet très porteur ces dernières années


208 pages Calmann-Lévy 17 août 2022

#Laniècedutaxidermiste #NetGalleyFrance






Ça s'est passé quatre fois. Ou peut-être une seule. Ça dépend de la manière de compter. Et puis ça n'a pas de nom qui me corresponde dans le langage commun. Je ne me reconnais pas dans cette terminologie. Et elle m'agace aussi. La première fois, c'était chez un taxidermiste.


*


J'étais isolée au sein de la bande des cousins. Trop vieille pour jouer avec les petits, trop jeune pour fronder avec les grands. Parfaite pour faire le tampon entre les adultes et les petits, pas assez âgée pour bénéficier de l'immunité des adolescents.


*


Malgré ma détestation de la maison, ma phobie de tous les animaux empaillés dont elle était décorée, mon dégoût face aux cousins et frères de mon père, je devais être polie, discrète, serviable, gentille, polie, discrète, serviable et gentille. Et serviable surtout.









Genevoise d’adoption, Khadija Delaval est née en 1973. Son enfance et son parcours professionnel l’ont conduite à vivre ou travailler dans de nombreux pays. L’écriture a toujours fait partie de sa vie, mais ce n’est qu’avec La Nièce du taxidermiste qu’elle s’est attelée à une oeuvre de fiction.


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