Fabrice Capizzano
Road trip ou plutôt boat trip ! La fuite au fil de l’eau d’une bande de contrevenants hauts en couleurs se déroule au fil des canaux fluviaux. C’est un concours de circonstances et la rencontre de personnages avec des failles grosses comme des crevasses qui conduira la fine équipe en cavale.
En vedette, l’homme par qui tout se déclenche, Givert, le flic aux mille casseroles. Qu’est ce qui lui a pris de vider les cellules du commissariat occupées par les prévenus de la veille pour reprendre à son compte le projet fou de Jason et Hannah, conformément aux dernières volontés de leur amie Gladys, de rendre sur l’île de Tristan de Cunha pour y déverser ses cendres ?
Voyage déjanté, qui permettra de découvrir peu à peu l’histoire du trio amoureux, et de connaître les talents cachés de chacun. Les personnages secondaires, resteront un peu plus dans l’ombre mais participeront malgré tout aux péripéties de la bande. Attention, la noblesse de la cause invoquée, n’empêche pas les voies de fait tout à fait répréhensibles !
Ecrit dans une langue tonitruante, irrévérencieuse, et non bridée par la bienséance, avec des dialogues savoureux, j’ai pris un grand plaisir à découvrir cet auteur, et je suis très fortement tentée de lire son premier roman.
Merci aux éditions Au Diable Vauvert et à la fondation Orange.
501 pages Au Diable Vauvert 25 Août 2022
Je me suis méfié du ton donc qu’elle venait d'employer, de son intonation précautionneuse, presque diplomate. J'ai reculé d'un pas, je me suis dit que derrière son décor en carton, ce faux ton aux couleurs pastel, il y avait autre chose, une sorte de sous-ton caché un peu effrayant, une trappe qui pouvait se dérober sous mes pieds et m’empaler vingt mètres plus bas.
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Ces salopards vont me le payer, se dit-il, ça schlingue l'arrogance de crevure, ça dégouline velu la dérobade en loucedé, l’esquive mesquine des petites frappes, la prise d'otages pas cool.
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Les mots ne sont pas des marchandises, ils sont la solution, ils sont les soupapes de sécurité qui empêchent l'implosion, les petits trous sur les capots des cocottes-minute.
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C'est drôle comme avec les années les souvenirs qu'on a des gens peuvent s'idéaliser, ou au contraire, vieillir aussi mal que des cassettes VHS. Leur image se floute, des bouts de bandes passantes viennent cueillir des fragments d'amnésie, et on oublie l'essence de ce qui nous avait alors tant bouleversés chez eux.
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Rappelle-lui bien s'il te plaît que l'obéissance n'est pas une fatalité, c'est un choix, comme la lâcheté, personne ne fait pour rentrer dans les cases, personne, on n’est pas nés pour être carrés, on est là pour casser les angles et faire des ronds dans l’eau.
Fabrice Capizzano a exercé de nombreux métiers manuels, dont dix ans l’apiculture, et milite pour Greenpeace. Il vit dans le Vercors; Le ventre de la péniche est son deuxième roman
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