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Je me souviens de Falloudjah ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Feurat Alani












Lorsqu’Euphrate constate que son père commence à perdre ses repères, s’impose à lui  comme une urgence de mettre des mots sur les mystères de son passé, sur les non-dits de sa vie familiale. D’autant que parmi les affaires de son père, il a trouvé des papiers qui ouvrent le champ des possibles sur l’identité même du vieil homme. Qui était réellement Rami ? Quels sont les motifs de son exil ? C’est cette quête qui guide le récit, au gré de la mémoire fantasque de Rami.


Le roman retrace l’histoire tourmentée de l’Irak, depuis la révolution de 1958 jusqu’à nos jours. Un pays traversé par la guerre, civile ou fomentée par les états occidentaux avec en filigrane les possibles marchés autour du pétrole. Et derrière les décisions politiques, des êtres impliqués malgré eux, des ruines toujours plus nombreuses, des trahisons et des malheurs. Au sein de la famille même de Rami, il est difficile de différencier ami ou ennemi. 

Pour Euphrate, qui découvre le pays de ces ancêtres quand il est ado, bien des illusions se perdent.



L’intérêt pédagogique est indiscutable, pour mieux connaître l’histoire de ce petit pays martyr. Le roman apporte la touche affective qui renforce l’adhésion au propos. 


La construction est par contre un peu complexe. On ne sait pas ce qui ressort de la mémoire altérée du père ou d’un récit inclus dans le roman. Le fil conducteur de l’amnésie n’st pas utilisé jusqu’au bout.


Il en reste cependant un roman très intéressant. 


288 pages Lattès 1 mars 2023







La mémoire olfactive est la plus affective et la plus arbitraire. Elle s'invite par surprise au détour d'un parfum, d'une rencontre, d'un lieu. Elle vient à nous sans crier gare. Cette nuit là, je retrouvais l'odeur de soufre qui m'avait suivi la première fois que j'avais pris le métro. Dès lors cette odeur ne m'évoquait plus que la guerre et son fiel.


*


La mémoire n'est pas forcément une reproduction fidèle de ce qui s'est réellement passé. Elle retient aussi bien ce qu'elle désire que c'est ce qu'elle abhorre.




Feurat Alani


Feurat Alani est né en France en 1980 de parents irakien. Grand reporter, il a aussi réalisé de nombreux documentaires pour la télévision française avant de fonder sa propre société de production. Il est lauréat du prix Albert Londres en 2019 de vivre Le parfum d'Irak. Je me souviens de Falloujah et son premier roman.



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