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Un monde plus sale que moi ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Capucine Delattre 











Le thème a été souvent exploité ces dernières années : le consentement s’est révélé un sésame crucial, qui marque la frontière entre le viol et la relation autorisée. Un énième roman sur le sujet est-il nécessaire ?


Si la question s’est posée avant de parcourir les premières pages, ma résistance a été rapidement vaincue. A la fois pour la manière de traiter l’affaire et pour l’écriture qui emporte tout sur son passage.


La jeune fille qui confie ses états d’âme a dix-sept ans. Considérant qu’il est temps de perdre sa virginité, il lui faut trouver l’occasion de le faire. Sans appréhension. #metoo est passé par là, tout le monde a compris, le danger s’est éloigné. Ce jeune homme rencontré à une fête familiale, âgé de vingt ans et étudiant pourrait faire le job, d’autant qu’il  semble attiré lui aussi. Le marché est conclu, sans verbalisation mais en suivant le cours naturel de la séduction juvénile. 


L’épisode n’a rien d’agréable, mais c’est souvent comme ça la première fois, donc elle ne s’inquiète pas. Des habitudes se prennent, elle apprécie d’être suffisamment attractive pour que l’on désire former un couple avec elle, mais de plaisir, point. C’est même une corvée douloureuse. Deux années passeront avant que ce partenaire lui déclare qu’il vaut mieux en rester là. 


Il faudra du temps mettre des mots sur ce qu’elle a subi au cours de ces deux années…


Un roman remarquable sur ce sujet délicat, traité sans fausse pudeur ni complaisance, et qui peut constituer une mise en garde pour les jeunes générations. Il n’y a pas qu’une façon de commettre un viol. Un consentement n’est pas tacite parce que l’on vit en couple. 


Par ailleurs, le jeune homme n’est pas si coupable que ça, ou alors par ignorance ou pire inconscience, et on pourrait voir là un défaut d’éducation. D’autant qu’il semble avoir compris le message.


Lu avec intérêt, d’autant que la plume est fine, mais déterminée.


280 pages Ville brûle 25 Août







Qu'ils viennent m'accuser d'avoir menti s'il le veulent : je leur donnerai raison. Je me fous d'être crue, je veux juste être entendue. Ecrire est la seule justice à laquelle j'ai accès.


*


Je ne suis pas triste. Je suis mortifiée Je me suis donnée à un garçon de tout mon saoul sans jamais rien ressentir pour lui, comme j'aurais joué à la dînette avec une telle virtuosité que j'aurais cru voir l'espace d'un instant les reflets d'un vrai repas dans mon assiette en plastique.


*


Trop réel à présent pour pouvoir être feinte, ma rage m’esquinte, m’épuise, mais je trouve dans cette fatigue, un grand soulagement. Je sais qui je suis, parce que je sais qui je hais.


*


Je voudrais que les juges se rappellent un peu, parfois, on a souvent davantage envie d'un regard que d'une sanction pénale. Il ne s'agit pas de le punir. Il s'agirait de me guérir.





Capucine Delattre


Capucine Delattre est née à Paris en 2000. Elle est étudiante à Sciences Po. Un monde plus sale que moi est son deuxième roman 




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