Page après page: Tout est sous contrôle ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️❤️

Christopher Bouix

Tout est sous contrôle par Bouix

Imaginez un monde idéal où le seul but dans la vie la course au bonheur ! Oubliez le flot incessant d’informations qui affluent par le biais des lentilles greffées sur votre cornée. Ne tenez pas compte de l’enjeu du score, attribué en fonction de l’attractivité des vidéos de chatons ou des hashtags dégoulinants de félicité sur les réseaux, score qui vous permet d’accéder à des promos alléchantes mais aussi de rejoindre les plus heureux dans les meilleures zones d’habitation et cherry on the cake vous lancer dans le Grand Projet…

C’est ce que que vise le couple Néo-Juliette en lice pour la sélection.

Outre la description édifiante de ce monde hyperconnecté, qui fait froid dans le dos, le roman présente une galerie de personnages, avec leur ressenti personnel et leur adhésion plus ou moins factice aux artifices de classification sociale. Sans être dupes, les plus zélés se confirment sans broncher, pour profiter des avantages promis. Quant aux rebelles, ils risquent gros…

Si la première partie est une satire sociale sans compromis, le roman prend vite des allures de thriller avec un crescendo fort réussi.

Très habilement construit de telle sorte que l’on est embarqué dans l’intrigue, ce roman est par ailleurs fort bien écrit et est pour moi un coup de coeur

400 pages Au Diable Vauvert 4 avril 2024

Chez Wolfman&Currer, il faut avoir un indice au moins supérieur à 6,6. Sinon c'est le licenciement assuré. Ils estiment qu'un collaborateur en dessous de ce taux n'est pas suffisamment épanoui. Et comme vous le savez, l'épanouissement personnel est une clé de réussite et d'engagement professionnels.

Marc, […] n'avait jamais vraiment adhéré au concept de psychanalyse. De son point de vue, ces histoires d’hypnose, d'inconscient, de complexes et autres névroses était un truc de gens oisif qui s’ennuyait et n'avaient rien d'à foutre, pour passer le temps que de s'épancher sur leur propre, insignifiante, existence.

Personne ne guérit vraiment de devenir adulte.

À son époque, il y avait déjà eu une campagne d'actualisation des textes pour modifier la fin et la rendre plus heureuse.C’était une tendance qui s'était accentuée tout au long du XXIe siècle : on avait d'abord retiré certains termes jugés offensants, puis repris certains passages, pour les rendre plus inclusifs, inventé de nouveaux personnages, pour qu'il y ait davantage de diversité, et enfin réécrit les fins. A quoi bon sortir d'un livre déprimé et dévasté ? Certaines personnes sensibles pouvaient se sentir particulièrement offensées, par telle ou telle œuvre d'art du passé ; et ça, ce n'était pas acceptable.

Qui serait d'accord pour renoncer à son bonheur, par honnêteté ? Sur le papier, la plupart des gens se seraient sans doute trouvés capable, mus par l'image héroïque et désintéressée qu'ils avaient d'eux même. Mais en réalité… ?

Le travail lui cassait les couilles. Son appartement minable lui cassait les couilles. Vargas lui cassait les couilles. L'enquête lui cassait les couilles. Son ex lui cassait les couilles. La vie lui cassait les couilles. En ce moment, Mina pouvait s'estimer heureuse de ne pas en avoir justement. De couilles.

Christopher Bouix