Shane Haddad
Comme pour Toni tout court, de la même autrice,
cette lecture a bien failli s’arrêter au bout d’une centaine de pages. Pourtant, forte de l’expérience précédente, je n’ai pas regretté d’avoir poursuivi, malgré un style déroutant, ait d’une reproduction de dialogues basiques, souvent alcoolisés. Mais malgré tout, j’ai fini par m’attacher à ce trio de personnages à la dérive, souvent sous emprise de paradis artificiels, (qui frôlent parfois l’enfer). On sait d’emblée que cela finira mal puisque le prologue a lieu dans un cimetière. Mais le charme finit par opérer, et on suit avec intérêt la folle fuite en avant du trio qui brûle ses cartouches, dans une tentative d’oublier un avenir qu’ils ne parviennent pas à envisager sereinement.
Clamant le désespoir d’une génération désabusée, ce roman prend aux tripes. On vit ces moments de prises de risque de tous les instants avec la boule au ventre, comme les personnages.
365 pages POL 22 aout 2024
Je ne suis pas du genre à me taire, mais je dois dire que tu m'apprends le silence. Ce n'est pas un éclat, ce n'est pas une béance joyeuse que je décèle sur son visage, mais j'ai senti un instant un rire, le silence ne me dérange pas, il finit par dire.
*
On réfléchit. On réfléchit chacune à ce que l'on sait et on cherche chacune ce que l'on ne sait pas. Et dans ce moment, l'alcool a toute sa place pour exploser dans mon corps, il se déploie et finit par brouiller chaque espace connu.
*
Mais tu accélères, doubles une voiture, une autre arrive en face, il accélère encore, la voiture vibre de tous les côtés, il freine absolument, il se rabat, j'entends expirer. J'aurais pu crever ici, avec l'alcool, je n'aurais rien senti. Mathias dit c'était chaud. Mathieu ne dit rien.
Après Toni tout court, Aimez Gil est le deuxième roman de Shane Haddad.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire