Le Duc ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️❤️

 Matteo Melchiorre 

Quelque part dans les montagnes du Nord de l’Italie , vers la fin du vingtième-siècle, le comte de Cimamonte, dit le Duc,  est revenu sur le fief de ces ancêtres et habite la villa du domaine. L’exploitation de la forêt et la vente du palais familial l’a mis à l’abri des soucis financiers. De quoi couler des jours tranquilles. Mais le quérulent Fastreda ne l’entend pas de cette oreille, décidé à en découdre, en commençant par s’approprier quelques arpents de forêt, sous prétexte d’inutilisation. La guerre est déclarée entre ces deux fortes têtes. Tous les coups sont permis pour Fastreda, tandis que le duc tente de répliquer avec l’élégance due à son rang, mais sans pour autant céder à la provocation. L’arrivée d’une jeune femme, Maria va compliquer un peu plus la situation.

Un coup de coeur pour ce roman magnifique. Une écriture magistrale (merci aux traducteurs d’avoir su nous faire ressentir la beauté de ces phrases). Le Duc est un personnage particulièrement intéressant, qui tente s’assurer un rôle que personne ne reconnait plus. La noblesse des sentiments pour obtenir la rédemption des abus du passé. Un héros romantique à souhait. Quant à l’infâme Fastreda, il met bien en valeur la noirceur de l’âme humaine, même si des révélations distillées au cours de la narration font comprendre ce goût de la provocation.

Une belle histoire d’amour impossible vient attiser l’attrait du lecteur.

Et encore une fois, dès les premières lignes, le style est envoutant. Des phrases superbes qui décrivent aussi bien les paysages que les états d’âme, et ce d’autant que la nature, la montagne jouent un rôle primordial dans cette histoire, terre des ancêtres alourdie des drames et de l’assujettissement des peuples, des humiliations enfouies qui ne demandent qu’à être vengées.

Merci à Netgalley et aux éditions Métailié pour ce service de presse.

482 pages Métailié 4 avril 2025

 #LeDuc #NetGalleyFrance

Les journées de Valine, en effet, ne se passent  à rien d'autre qu'à la poursuite obstinée de cette fidèle et balsamique prostration que le Verduzzo, quotidiennement, lui procure. Le Verduzzo, du reste, et la sève de Mario Valine, l'élixir de vie sur lequel il s'acharne depuis des décennies, au nom d'une élection mystique, avec une rage systématique, terrible, héroïque, irrationnelle.

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Quand la discorde germe, en effet, la moindre futilité met en alerte. On flaire des pièges dans chaque mot. Des provocations dans chaque geste. De la duplicité dans chaque regard. Et des affronts. Des guet-apens. Des chausse-trapes.. En somme on finit par vivre comme des oiseaux emprisonnés dans une volière à ciel ouvert.

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Les misères, ce n'était pas la pauvreté, mais comment on se sentait, à cause de la pauvreté, c'est-à-dire humiliés, mortifiés ; et c'était aussi ce qu'on finissait par faire, à cause de la pauvreté, des histoires, minable, misérable, idiote. C'est ça, les misères.

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Maria était la porte de quelque chose, une porte au-delà de laquelle logeait un monde qui était (ou avait été) mon monde. Il suffisait d'un rien pour que cette porte s’entrebâille et que moi, je me sente attirée dans un tourbillon de pressentiments vagues, et que j'aperçoive, à travers cette porte entrouverte, des lueurs de lieu, de très perceptibles parfums, d'étranges senteurs, des désirs déjà réalisés depuis longtemps et d'autres encore absolument inexprimés.

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Mais qui, au fond, n'est pas prisonnier de soi-même ? Nous sommes tous les architectes de notre cage. Nous transitions et demeurons dans des cages que certains, prudemment, peuvent aussi choisir d'appeler contexte.

Né en 1981, Matteo Melchiorre est un écrivain et historien italien spécialiste du Moyen Âge tardif.

Après avoir travaillé comme chercheur dans différentes universités, il dirige désormais la bibliothèque du musée et des archives historiques de Castelfranco Veneto.

Il travaille sur l'histoire économique et sociale du Moyen Âge et sur l'histoire de la montagne et des forêts.

Le Duc est son premier livre publié en France.