Abonnés

Bahari-Bora ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Steve Aganze











Bel océan, quel prénom de rêve, une évocation du voyage et de l’ailleurs, un ailleurs où Bahari-Bora, l’équivalent en swahili , voudrait souvent se réfugier pour fuir la réalité de sa vie : enlèvement d’enfants, enrôlement dans l’armée des rebelles, assorti de son lot de violences, de viol et de mariage forcé. L guerre au quotidien, qui pèse sur chaque minute vécue. Dans cette quête désespérée de survie, un but, s’évader pour retrouver maman Matilde, celle qui a assisté à son rapt, sans pouvoir agir. 

Bahari-Bora  apprend alors qu’elle attend un enfant, qu’on lui déconseille de garder, pour des raisons de santé. Mais cette vie en elle est un soutien fort, qui l’aide à poursuivre ses recherches. 



Roman dur, avec des scènes parfois insoutenables, même lorsqu’on a déjà eu l’occasion de croiser tout ce que la littérature nous propose de violent, (on pense aux massacres du Rwanda). 

Une lecture que je n’ai pu poursuivre qu’à petites doses, pour me donner le temps de reprendre un peu de souffle.


A la différence d’un thriller, si gore fût-il, on sait qu’ici, le roman est quasiment historique, et que cette réalité-là existe, à quelques heures d’avion de notre tranquillité quotidienne ! Même si l’on y croise malgré tout quelques belles âmes, le danger est partout et les faits d’armes incessants. 


Alors certes, il est nécessaire de se confronter à cette triste constatation, et de se rendre compte que la politique de l’autruche est loin d’être une solution, ce roman n’est pas à mettre en toutes les mains. 


Par ailleurs j’ai trouvé quelques difficultés avec le style d’écriture, en raison d’une utilisation des temps de conjugaison souvent à l’imparfait, là où un présent aurait apporté de la matière au propos.


Un roman qui devrait faire parler de lui, pour la mise en lumière de la terrible histoire de la république démocratique du Congo, sans concession, avec une lucidité froide : 


« Des morts vivants. Il ne se trouve aucun être vivant dans ce pays : regarde, comment nous vivons, regarde dans quelles conditions nous nous humiliions pour espérer nourrir nos enfants, eux, aussi des mort-vivants. »


Premier roman marquant, révélateur d’une actualité dramatique et peu médiatisée, une plume à suivre.



240 pages Récamier 21 août 2025







Ces jeunes filles avaient grandi dans un monde où l'Omerta étaient plus puissantes que les mots, ou la honte, des violences subies pesaient sur leurs épaules, plutôt que sur celle des coupables.


*

 

. Pour ressentir de la compassion, il faut un cœur qui bat, or, les louves n'en ont pas. Leur cœur s'il existe,  est fait de pierre, de brique et de béton.


*


Des morts-vivants. Il ne se trouve aucun être vivant dans ce pays : regarde, comment nous vivons, regarde dans quelles conditions nous nous humilions pour espérer nourrir nos enfants, eux, aussi des morts-vivants.



Steve Aganze est né en 1999 à Bukavu, en République démocratique du Congo. Il part vivre à Kinshasa en 2011, après avoir subi des années de guerre et de conflits. En 2023, il figure parmi les finalistes du prix Voix d'Afrique. D'une écriture poétique et sensible, il explore les réalités humaines avec sincérité et décrit notre monde avec justesse. Bahari-Bora est son premier roman.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Article le plus récent

Bahari-Bora ⭐️⭐️⭐️⭐️

Articles populaires