- Broché: 224 pages
- Editeur : L'OBSERVATOIRE (9 janvier 2019)
- Collection : LITTERATURE/SC.
- Existe en version numérique
- Langue : Français
Des Hommes couleur de ciel, et des femmes couleur de l’ombre. Quelle que soit différence, l’écart à ce qui est considéré comme la norme, parce que la nationalité d’origine pèse de tout le poids de l’amalgame, ou que les choix amoureux n’aillent pas dans le sens de ce qui est dicté par la religion, la souffrance est là, omniprésente, lourde de mise en scène et de dissimulations, encombrée de non-dits et de malentendus, lestée du prix du silence.
Lorsque les bombes explosent à l’heure du repas dans la cantine du lycée, Oumar s’abrite derrière l’alibi d’un rendez-vous amoureux avec Alex, dans un café où tous apprennent la nouvelle de l’attentat. Et cependant il se retrouve au poste de police avec son cousin, prêt à le tuer pour avoir trahi les textes sacrés. Quant à Kirem, le frère d’Omar, il a disparu, mais ne fait pas partie des victimes.
C’est ainsi qu’Alissa est mêlée à l’affaire, pour ses talents de traductrice tchétchène, elle qui a caché ses origines en laissant croire qu’elle était russe.
La terre d’accueil peut se révéler bien cruelle, car elle n’efface jamais le passé. Le renier expose à des conflits de loyautés inextricables et le révéler ne peut qu’aboutir à l’isolement.
Les événements fictifs qui font le coeur du récit sont hautement vraisemblables, et l’analyse psychologique des conséquences de la fuite quand elle est devenu inévitable pour rester en vie et finement décrite. On souffre avec ces personnages malmenés et condamnés à se cacher.
Roman riche d’une actualité que l’on aimerait désuète, ce qui est loin d’être le cas, l’écriture est juste et sensible.
Au creux de son corps, il sent un grand vide l'envahir, comme si l'attentat n'avait pas seulement ravi son frère, mais également une partie de ses organes internes, ses poumons, ses reins, son cœur qui bat sans n'être plus relié à rien. Même son visage semble ne plus lui appartenir.
*
Il n'avait jamais vu de ville sans blessure. Les maisons ressemblaient à des maisons de poupées et les tramways sillonnaient les rues comme des jouets d'enfants. Les passants ne sursautaient pas à chaque pétarade de moto. Les petits criaient pour le plaisir de crier, ils quémandaient des cônes glacés, l'estomac plein. Sur la plage de Scheveningen, les filles avaient étendu des serviettes de bain et sirotaient des bières, elles montraient leurs jambes au soleil. À côté, des garçons sautaient torse nu pour attraper des frisbees. Il était subjugué.
*
L'exil se vit seul.
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