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Des gens très bien

Alexandre Jardin
















Avant de commencer, j’avais un a priori négatif : je me méfie beaucoup des auteurs qui après nous avoir enchanté avec des fictions hautes en couleurs, se lancent dans l’autobiographie romancée.
La déconvenue a été à la hauteur de mes attentes.
La finalité du livre est de se délivrer du secret familial qui pèse sur les épaules de l’auteur depuis que celui ci a compris que son grand-père paternel était un collabo et pas n’importe lequel : le bras droit de Laval, celui qui a organisé la rafle du Vél d’Hiv.

Certes le fardeau est lourd, mais est-il nécessaire de consacrer plusieurs chapitres à l’analyse de micro-éléments qui authentifient la participation du directeur de cabinet de Vichy en toute conscience à la déportation de familles entières? la peur d’une erreur judiciaire? Ils sont longs ces chapitres...

Longs aussi ceux consacrés au stratagème utilisé par la famille pour travestir l’infamante activité du grand-père au point que celui-ci recevra les louanges  de tout un panel de célébrités, embobinées par la verve plumitive de Pascal Jardin, le père de l’auteur. C’est intéressant mais trop répété.

Autre système de défense : la balance! Il est vrai que l’on est pas surpris par l’identité des montrés du doigt, prompts à retourner la veste quand le vent souffle de Londres

Derrière cette méthode de défense un peu naïve, transparaît l’angoisse majeure : la ressemblance. Traquée sur les photos de famille, auto-analysée dans les traits de caractère, réfutée haut et fort dans les actions et les alliances, c’est le moteur de la honte. d’autant que les échanges avec une ancienne adepte convaincue et non repentante du national socialisme, argumentant ses choix, mettent en évidence la compatibilité d’un back-ground social et intellectuel honorable avec une conception ignoble et délirante de l’identité juive. Des gens très bien....

Et tout cela est inutile pour le lecteur : j’ai aimé Jardin pour son écriture dynamique et enjouée, son regard de clown anxieux sur la vie, celui qui "avait trop mal pour être triste" et qui "avait ri abondamment pour ligaturer son chagrin", "les zèbres qui n'appartiennent qu'à eux même et qui s'éclipsent du jeu social". Je ne suis pas certaine que l’on puisse reprocher à des parents les exactions de leur progéniture, alors garder rancune à un petit-fils même pas à l’état de gamète au moment des méfaits de son grand-père!.....

Je comprends ce besoin de justification, mais une fois de plus le lecteur est pris en otage et contraint de de jouer le rôle de thérapeute ou d’exorciste.

Je remercie les éditions du Livre du Poche pour cette lecture dans le cadre de la sélection pour le Prix des lecteurs 2012



Interview d'Alexandre jardin sur youtube

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