- Broché: 363 pages
- Editeur : Flammarion (2 septembre 2015)
- Collection : L'esprit voyageur
- Existe en versio numérique
- Langue : Français
- ISBN-10: 2081300796
- ISBN-13: 978-2081300798
Résumé en quelques mots, le Japon, 1945, les allemands, représentés par un diplomate de 24 ans, le roman peut manquer d’attrait : encore un roman de guerre, de défaite, de haine et de folie des dirigeants. Alors comment se fait-il que l’intérêt du lecteur croisse au fil des pages, pour une histoire dont on connait la fin? Et plus que ça, ce récit a un effet retard, une sorte de libération prolongée de son principe actif, pour utiliser une métaphore pharmacologique. Tout l’horreur de dénouement prend sa dimension bien après que la dernière page est refermée. Je reviendrai sur ce dernier chapitre.
La capacité de la population nippone de rebondir catastrophe après catastrophe et de considérer chaque matin comme un nouveau défi en faisant fi des drames de la veille est bien mise en valeur, à travers le prisme de la correspondance de Friedrich, adressée à sa soeur à Berlin. Habitués aux tremblements de terre, les japonais gardent la tête haute, quand ils ont survécus. L’un des atouts du roman est aussi de rapporter les pilonnages monstrueux de bombes au phosphore, dont la barbarie a été éclipsée par le largage des deux bombes atomiques.
Si les nippons sont fatalistes, les alliés sur place sont des témoins impuissants et perplexes des événements qui ensanglantent le pays, et apportent leur contributions aux statistiques du nombre de victimes. L’information est plus que jamais à prendre avec précaution, lorsque les sources se perdent dans la rumeur.
Quand au dernier chapitre, qui s’achève sur une phrase incomplète, son intensité dramatique et la prise de conscience qu’il induit m’évoque le pouvoir d’une photo qui a défrayé la chronique si récemment, celle d’un petit garçon sur une plage. « La mort d’un homme est une tragédie, la mort d’un million d’hommes est une statistique" a dit Staline. C’est exactement ce que réussit à faire l’auteur, émouvoir à propos d’une personne, ou de quelques personnes dont on a partagé les doutes et les émois, qui existaient en tant qu’individus et non comme un numéro dans un inventaire morbide.
La notation que j’établissais in petto au fil des pages a ainsi évolué, passant de deux …à cinq.
(la mise en place des personnages, les premières lettres, n’étaient pas du meilleur augure)
Et cinq c’est pour l’effet rémanent que j’évoquais plus haut : c’est la certitude que cet écrit persistera longtemps dans le dossier (personnel) des lectures qui marquent.
Merci à Babelio et aux éditions Arthaud pour leur confiance.
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