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Petit Piment ⭐️⭐️⭐️

Alain Mabanckou























288 pages Seuil 20 Août 2015

Ambiance africaine garantie pour ce court roman d’Alain Mabanckou, qui illumine cette rentrée littéraire de sa plume épicée. C’est le récit d’une vie : Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko, dit Moïse, dit Petit Piment nous narre  en trois parties sa destinée congolaise : à l’orphelinat, dans la rue puis seul en proie à une amnésie délirante, après un répit de courte durée.
Ces ruptures successives dans le parcours du personnage sont étroitement liées aux chaos politiques et administratifs rythmés par les élections : l’orphelinat était un refuge sinon chaleureux, au moins vivable, voire agréable lorsque les enfants recevaient la visite de Papa Moupelo, un prêtre  catholique qui les faisaient chanter (au sens littéral du terme). La révolution socialiste est passée par là, et le charme s’est rompu : trois enfants dont Petit Piment se font la belle, pour se retrouver dans les bas-fonds  de Pointe Noire et vivre de rapines.  Mauvais plan à moyen terme, la corruption et l’abus de pouvoir existent à tous les niveaux : Petit piment trouve refuge dans la plus ouverte des maisons closes, un bordel tenu par la truculente Maman Fiat 500. Un apprentissage de la vie et une échappatoire à l’errance.  jusqu’à ce que de nouvelles élections mettent fin à la quiétude de Petit piment. C’en est trop, il perd la tête. Qu’est-ce qui pourrait le sauver, hormis une vengeance?

Le constat est sans appel, manoeuvres politiques, corruption, le destin des individus est celui d’un frêles esquif balloté au gré de la houle que soufflent les dirigeants. La satire sociale prend les traits d’un conte exotique qui ressemble plus à une histoire de vengeance qu’à un récit initiatique.
La naïveté perdue du jeune homme n’a d’autre issue que la folie, dont il n’a pas intérêt à guérir (sa détermination à résister aux tentatives thérapeutiques diverses est particulièrement drôle et réjouissante).

La plume court au rythme des déboires du jeune homme, maitrisée cependant, si l’on en juge par les facéties de l’auteur. 

Ce  n’est peut-être pas le meilleur roman de Mabanckou, (j’avais été subjuguée par Verre cassé) mais un bon crû pimenté à souhait.







Et quand d'aventure je croisais un voleur de mangues ou de papayes poursuivi par un cul-terreux du Grand Marché, je courais après le poursuivant, je lançais aussitôt ma petite patte d'emmerdeur, le cul-terreux se retrouvait par terre.

*

Je voulais à tout prix voir le nombril d'un agent de police. Je dormais avec cette obsession, je me réveillais avec elle.


Né en 1966, Alain Mabanckou est un écrivain et enseignant.

Fils unique, il a perdu sa mère en 1995 et son père en 2004. Son enfance se passe à Pointe-Noire, capitale économique de République du Congo, ville côtière, où il commence des études primaires et secondaires et obtient un baccalauréat option Lettres et Philosophie.


Voir aussi Verre cassé





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