- Poche: 368 pages
- Editeur : Actes Sud (4 janvier 2013)
- Collection : Babel noir
- Existe en version numérique
- Langue : Français
- Traduction (anglais) : Jean-rené Dastugue
- ISBN-10: 2330014414
- ISBN-13: 978-2330014414
L’angoisse ténue que l’on peut avoir en abordant un deuxième tome d’une trilogie (la suite sera-t-elle à la hauteur? Evitera-t-on la lourdeur de redites?) s’évanouit rapidement avec la lecture des premières pages de l’Homme de lewis. Fin MacLeod est là, bien présent, mais tourne la page : il quitte son travail, son épouse, et rejoint la terre austère de son passé. On n’a guère le temps (et lui non plus) de gloser sur ses projets d’avenir, puisqu’à peine arrivé, il se trouve mêlé à une histoire de meurtre. Pas en temps que suspect, mais sollicité par Gunn, l’inspecteur de Stornoway, qui avait apprécié son talent de flic dans L ‘île des chasseurs d’oiseaux.
L’enquête s’annonce d’emblée ardue : le cadavre découvert dans la tourbe est momifié, la mort remonte aux années 50 (pas besoin de carbone 14 quand un tatouage d’Elvis Presley orne le bras de la victime!).L’ADN parle rapidement : le père de Marsaili, l’ex-amoureuse de Fin , est apparenté et donc suspect du meurtre (le prélèvement d’ADN qui avait été exigé dans la première enquête n’a pas été vain…). Jusque là, c’est plutôt banal. Oui, mais voilà : le suspect est atteint d’une maladie d’Alzeimher, à un stade ou des bribes du passé ressurgissent au hasard, mêlées à des délires d’interprétation qui comblent les lacunes. La barre est haute pour Fin, qui doit de plus faire vite, avant qu’un collègue d’Edimbourg vienne prêter main forte à l’équipe locale.
C’est parfait. Parallèlement aux déductions avisées de fin, l’auteur nous livre le récit à la première personne du père de Marsaili, dont on sait que l’identité sous laquelle le connaissent les proches est fausse. Le lecteur avance donc un peu plus vite que Fin, mais découvre avec délice les méandres du raisonnement de l’ex-flic. Pas une seconde, pas une ligne d’ennui.
Les paysages sont toujours aussi subitement dépeints, dans leur splendide austérité.
Bien sûr, Fin n’en a pas terminé avec ses drames personnels (la photocopie du dossier de l’accident de son fils le suit partout), mais les tensions s’apaisent avec sa famille à construire (il faut un peu de temps pour assimiler simultanément le fait d’être père et grand-père).
Une deuxième partie qui tient largement ses promesses et incite à poursuivre sans arrière pensée la suite Le braconnier du lac perdu.
Au presbytère, quelqu'un avait étendu du linge. Les draps claquaient furieusement dans le vent comme les drapeaux fous d'un sémaphore, exhortant à louer Dieu autant qu'à le craindre.
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Ce coin de terre ravagé par le vent où diverses factions ennemies, nées de cette religion protestante impitoyable, dominaient la vie de tous. Où hommes et femmes passaient leurs vies à lutter pour réussir de vivre de cette terre, ou de la mer, exploités pendant les périodes de crises par les entreprises qui s'installaient puis repartaient quand les subventions étaient épuisées, laissant derrière elles les témoignages délabrés et rouillés de leur échec.
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Quand tu ne côtoies que le pire côté de la nature humaine, tu commences à découvrir ta part d'ombre. Et ça fout la trouille.
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Je ne respecterai jamais ce en quoi tu crois. Seulement ton droit à y croire. Comme tu devrais respecter mon droit à ne pas y croire.
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