- Editeur : Robert Laffont (4 janvier 2018)
- Collection : ROMAN
- Existe en version numérique
- Langue : Français
- ISBN-10: 2221216288
- ISBN-13: 978-2221216286
Drôle et poétique. Le bandeau qui revendique l’héritage de Boris Vian , n’est pas exagéré. D’autant que lorsqu’on appelle son héroïne Isis, il y a fort à parier que les similitudes ne sont pas une coïncidence. L’imagination, la poésie, l’ambiance onirique, tout cela rappelle l’univers de l’Ecume des jours, avec l’humour en plus.
Il faut dire qu’il est attendrissant , Pierre Pierre, avec sa manie de fondre en larme dès qu’il est heureux. C’est ce qui lui vaut d’être embauché dans une drôle de boite, où les artistes en tout genre évoluent en patins à roulettes. Le fantasque directeur compte bien sur les débordements lacrymaux du jeune homme pour débusquer les talents. Mais voilà, l’entreprise est menacée, et c’est un autre monde qui se profile : celui du travail-torture, où l’employé est pressé comme un citron.
Les situations sont cocasses , les personnes habilement dépeints au point que que l’on hésite entre caricature et portrait réaliste (qui n’y reconnaitra pas tel collègue, tel cadre côtoyé dans la vraie vie). Ajoutons à cela des dialogues désopilants : un sacré bon moment de lecture. Et c’est juste ce qu’il me fallait pour me remettre du livre de Pablo Servigne : Comment tout peut s’effondrer !
« Les humoristes sont comme des enfants qui, en traversant les chambres obscures, chantent pour se donner du courage. » disait un écrivain italien du début du XXè siècle; Ici la chambre obscure, c’est le monde du travail, avec ses dérives monstrueuses que le progrès a fait naitre dans un souci constant de produire. Alors ça fait du bien d’en rire, de s’en moquer et c’est beaucoup plus efficace qu’un traité de développement personnel du style « Se reconstruite après un burn-out ».
Je pleure beaucoup. J'aime bien. Chez moi, ce n'est pas un signe de tristesse. Quand je chiale en écoutant une chanson, ça veut dire que je suis en symbiose avec ce que le type raconte de l'autre côté du casque, que je ressens sa peine, sa joie, et que nous sommes ensemble , par delà les frontières, les langues et les siècles
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chaque fois que je suis devant quelque chose de sincère, je me mets à pigner. Je suis un vrai cochon truquer. Je en rate jamais une pépite, même si elle est cachée sous des charibotées de bouse.
*Je passe un tiers de mon temps à gérer mes mails, un tiers de mon temps à faire des réunions et le dernier tiers à saisir des compte-rendus de réunions que j'envoie à tout le monde par mail
Jacky Schwarzmann
Mauvais coûts
Cité dans Du tout au tout
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Messie, en plus, c'est pas le super boulot. Tu nais dans une grotte, ça sent l'humidité et l'étable, on te trahit, on te crucifie, et deux mille ans plus tard, tu dois encaisser de voir ta vie racontée n'importe comment, dans une comédie musicale composée par Pascal Obispo
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- Très bien, jeune homme. Je peux poser une petite question?
- A votre avis , à quoi correspondent les dix bouts de bidoche posés sur le clavier de mon ordi? Un indice, ce ne sont pas des nuggets.
-Je dirais, vos doigts.
-Ben voilà..Ils sont tous là. J'en ai pas d'autres
-J'imagine que ceux des pieds sont dans vos chaussures, et pas dans votre ...
-Exact, ils ne sont pas dans mon...
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Mon amoureuse avait un gouffre au fond d'elle. Une faille dont se nourrit l'ambition professionnelle. Ce besoin de prouver qu'on peut dissimuler son infinie tristesse aux autres, terrer sa peur, taire ses craintes, et que même si on tremble de trouille quand on est seul , on peut donner le change quand on est face aux autres. Malgré tout. Et grimper. Pas grimper pour toucher le ciel, mais grimper pour s'éloigner du sol
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