- Broché: 400 pages
- Editeur : P.O.L (14 septembre 2017)
- Collection : FICTION
- Existe en version numérique
- Langue : Français
Lire Charles Juliet était un projet vague, qui refaisait surface à chaque évocation médiatique ou à chaque partition de l’auteur. Le prix France-Télévision m’a permis ce passage à l’acte. Sans regret. L’écriture reflète bien l’image que renvoie le personnage, discret, presqu’effacé. Le journal est intime mais sélectif. Pas d’allusion au quotidien , très peu à son entourage proche qu’il désigne par des initiales. C’est plutôt le récit des rencontres nombreuses, fortuites ou professionnelles, dont il analyse les ressentis, et les émotions suscitées.
Bien sûr la poésie est en filigrane à chaque page, la sienne, celle des autres.
C’est aussi une béquille pour les souvenirs, qui ne prend sens qu’a postériori :
« À 15 ans, J'ai commencé à tenir mon Journal, je ne savais rien de ce qui me poussait à l'écrire. Bien des années plus tard, j'ai compris qu'écrire, c'est mener un combat contre le temps et la mort. c’est oeuvrer pour que subsiste la trace de ce que je vis. »
C’est aussi le lieu de dépôt de réflexion philosophique, et d’une recherche de spirituel.
La langue est raffinée, maniée avec une précision d’orfèvre, mais sans ostentation. Et la délicatesse qui convient lorsqu’on aime l’outil :
« Ecrire pour un écrivain, c'est avoir le goût des mots, c'est les ressentir, c'est aimer les agencer, c'est percevoir comment ils interagissent les uns sur les autres, c'est être à même d'apprécier leur poids, leur couleur, leur sonorité, leurs vibrations… »
Ce journal est rédigé alors que l’auteur est dans sa septième décennie, c’est l’heure des bilans, et de la fin de l’illusion de trouver une réponse aux questions fondamentales. et une thérapie par l’écriture. Regrets, ou acceptation? Le titre est tout de même gratitude, et l’éponge n’est pas jetée .:
« Ecrire c’est pour moi tendre à l’intemporel, c’est vouloir parvenir à un texte inaltérable, qui idéalement, pourrait résister au temps, à ce pouvoir qu’il a de tout détruire. Je sais qu’il engloutira ce que j’écris , mais il ne pourra pas me détourner de mener mon combat, et de le mener avec ténacité. «
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