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Me voici

Jonathan Safran Foer







  • Broché: 752 pages
  • Editeur : L'Olivier (28 septembre 2017)
  • Collection : Littérature étrangère
  • Langue : Français
  • Traduction (Anglais) : Stéphane Roques














A partir d’un schéma de départ assez simple, une famille juive new-yorkaise empêtrée dans ses soucis ordinaires, Jonathan Safran Foer nous entraine dans un récit foisonnant avec un parallèle net entre les failles qui menacent l’équilibre fragile d’une vie de couple, et le drame qui couve en Israël et qui se révélera différent de ce que laissaient supposer les prédictions.

Les thèmes abordés ont le temps d’être développés , au long des 740 pages du roman, mais pas de panique, l’ensemble reste facile à parcourir même si parfois l’on peut s’égarer, un peu comme dans une réunion de famille où l’on vous présente 15 cousins inconnus en un quart d’heure. La solution, se dire que ceux des personnages qui comptent sauront se manifester à nouveau pour signifier leur importance.

Ce qui rend la tâche facile, c’est la légèreté du style et la présence récurrente de l’humour, en particulier dans les dialogues, avec des échanges fulgurants entre les personnages, les saillies les plus affutées émanant bien sûr du narrateur, double à peine déguisé de l’auteur.

Les crises qui constituent la trame de fond du roman permettent à l’auteur d’aborder de multiples thèmes, la famille, et les affres de l’éducation, dont les aléas constituent si l’on n’y prend garde le meilleur moyen de  détruire le couple, de la place de la religion quand on n’est pas croyant et  que la pratique se réduit aux rituels qui permettent de réunir la famille élargie en recréant un semblant de cohésion. Le tout sur un fond de fiction géopolitique parfois un peu lourd.

Tout repose sur la personnalité  singulière, drôle, excentrique, fantasque, sans doute profondément angoissée du narrateur, et qui ressemble comme un frère à Woody Allen, dans ses questionnements ironiques et spirituels, à la fois attachant et irritant.

Le roman laisse une impression de sincérité dans le propos, qui évite la fausse pudeur, et ne fait pas l’impasse de ses zones d’ombre. comme l’annonce le titre Me voici, avec ses forces et ses faiblesses, ses moments de grâce  et ses échecs .



"Bon, dit Julia. Comme vous le savez, je suis la mère de Sam. Il m'a demandé de ne pas trop en faire, alors j'irais droit à l'essentiel. D'abord, je veux que tout le monde sache que ke suis trop jouasse d'être ici avec vous."
Sam ferma les yeux, avec la furieuse envie de se défaire du concept de permanence de l'objet


*

-Et l'ancienne synagogue,  pourquoi l'avais-tu construite?
- pour la faire sauter
-la faire sauter? Tu sais si j'étais un père d'un autre genre, je me sentirais sans doute obligé de signaler ton comportement au FBI
-mais si tu étais un père d'un autre genre, je n'aurais pas besoin de faire sauter ma synagogue virtuelle

*

Lors de la seconde échographie de Julia, nous avons vu les bras et les jambes de Sam (même s'il ne s'appelait pas encore "Sam" mais "la cacahuète". Ainsi a débuté l'exode de l'idée vers la chose. Ce à quoi l'on pense à longueur de journée, mais qu'on ne peut sans aise voir, entendre, sentir, goûter, ni toucher, demande qu'on y croie. A peine quelques semaines plus tard, quand Julia a senti la présence et les mouvements de la cacahuète, ça n'a plus seulement été une affaire de croyance, mais de connaissance. Au fil des mois, il tournait, donnait des coups de pieds, avait le hoquet, nous le connaissions de mieux en mieux, en appelions de moins en moins à notre croyance. Et puis Sam est arrivé, et la croyance s'est évaporée. Elle n'était plus nécessaire.






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