- Broché: 425 pages
- Editeur : Actes Sud (22 août 2018)
- Collection : ROMANS, NOUVELL
- Langue : Français
Si le propos du roman tourne autour d’un double vol de moto, l’enjeu est beaucoup plus ambitieux. c’est le portrait d’une jeunesse désabusée, à l’avenir peu reluisant, et qui malgré l’accès en théorie plus facile à l’instruction, ne s’en sortira pas mieux que ses parents, conformément au paradoxe d’Anderson, titre éponyme de Pascal Manoukian. Ados paumés, gouvernés par leurs hormones, parents à la dérive, décors miteux, et prise de conscience progressive de la vanité des rêves d’enfant, auxquels se subtilisent la drogue et le sexe.
Pas de langue de bois, le style est plutôt cru. On est loin du Grand Meaulnes et des élans romantiques qui firent la gloire des auteurs publiés il y a cent ans!
Mais les dialogues sont d’une authenticité rare. On les entend, Anthony, Hacine, Steph, et les autres. Pas grand chose à ajouter pour que le texte se transforme en scénario.
Même si c’est désespérant, à moins de jouer la politique de l’autruche, force est de reconnaitre que c’est ce qui se déroule sous nos yeux en ce début de vingtième-et-unième siècle. Nicolas Mathieu réussit cependant à alléger le propos avec des situations cocasses.
Belle découverte d’un auteur propulsé par le Goncourt, même Nicolas Mathieu avait déjà connu le succès avec Aux animaux la guerre, adapté au cinéma, qu’il est très tentant de lire et de voir pour explorer cet univers, digne des romans naturalistes du siècle passé.
Les ongles de ses orteils et de ses mains étaient peints. C'étaient quand même dingue ces détails, là où allait se cacher le soin des meufs, leur envie d'être belle, leur soif de plaire. Tout cela concourait à un ballet nuptial du fond des âges. L'espèce est!re dépendait de ces méticulosité, en fin de compte.
*
Tous partageaient le même genre de loisirs, un même niveau de salaire, une incertitude identique quant à leur avenir et cette pudeur surtout, qui leur interdisait d'évoquer les vrais problèmes, cette vie qui se bricolait presque malgré eux, jour après jour, dans ce trou perdu qu'ils avaient tous voulu quitter, une existence semblable à celles de leurs pères, une malédiction lente.
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