- Broché: 304 pages
- Editeur : FLAMMARION (9 septembre 2015)
- Existe en version numérique
- Collection : LITTERATURE ET
- Langue : Français
Lire bien sûr! Mais relire? Alors que chaque année littéraire nous propose mille ouvrages de plus, et qu’ainsi se creuse le fossé des possibles. Et pourtant, la nouveauté n’est pas le garant de de la félicité attendue. Le bouche-à-oreilles non plus. Alors se replonger dans un récit qui vous a enchanté jadis ou naguère, ou tenter une fois de plus de vaincre les obstacles qui rendent une lecture absconse, malgré les dithyrambes d’admirateurs inconditionnels?
C’est cette démarche qu’a voulu étudier Laure Murat. De façon méthodique, avec un questionnaire adressé à des spécialistes des mots écrits, qu’ils soient éditeurs, comédiens, écrivains ou universitaires.
Que relisez-vous? `que relisiez vous lorsque vous étiez enfant? Quid de Proust ? (qui fait partie de ces classiques qu’on n'avoue jamais lire, mais toujours relire). Quel est le but de parcourir à nouveau les lignes déjà connues? Quel livre a pu vous décevoir après avoir été culte quinze ou vingt ans plutôt? Et réciproquement.
Ce sont toutes ces questions et bien d’autres encore qui sont soumises aux quelques dizaines de lecteurs triés sur le volet.
Et c’est intéressant, par le jeu des différences et ressemblances exposées. L’on se retrouve ou non en tant que re-lecteur, dans ces témoignages.
C’est aussi remarquable que les mêmes livres d’enfance puis les mêmes classiques soient cités. il est vrai que pour les lectures d’enfance, le marché offrait peu de choix : on a tous lu la comtesse de Ségur et les ancêtres du polar dans la bibliothèque verte. C’est à l’adolescence que se crée la frontière et que se dessine le profil du futur gros lecteur.
Un essai réussi sur cette passion solitaire qui ne demande qu’à être partagée. A lire (et relire?)
Lâcher un livre en cours, même déjà lu, laisse toujours un goût de défaite. On se sent comme pris en défaut, pas tout à fait à la hauteur. Plutôt que de culpabiliser, ce qui est au fond assommant, j'ai essayé de réfléchir.
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Relire pour interpréter un rôle, traquer des fautes d'orthographe, vérifier une information, consolider un savoir, jouir à nouveau d'un texte… Si la relecture porte à chaque fois en elle sa mission particulière, elle est presque toujours désir – et promesse – de déchiffrement.
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Relire consiste à faire d'un livre une matière vivante, à éprouver sa plasticité et sa résistance, à évaluer sa radioactivité par rapport au temps, mais également à soi-même. Le relecteur cherche à se souvenir du lecteur qu'il fut et/ou à découvrir celui qu'il est devenu.
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Le plaisir de relire se compose (au moins) de deux données qui se croisent : retrouver (ce que l'on connaît déjà) et découvrir (ce qui nous avait échappé). C'est aussi une double mise à l'épreuve du temps, du texte et de soi. Est-ce que je cherche, dans la relecture, le lecteur que j'étais ?
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Pour lire Proust, Céline, Beckett, il faut trouver la bonne vitesse de lecture, celle où le texte vit (il ne faut ni le ralentir par notre hésitation ni l'accélérer par impatience).
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De la même façon qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, se replonger dans un livre déjà lu, c'est goûter les joies de ce qui, par certains côtés, est familier, mais qui, par d'autres côtés, offre toujours des surprises, car les circonstances qui entourent chaque lecture influent sur celle-ci et l'expérience qu'on a acquise au fil des ans modifie aussi la lecture qu'on fait d'un livre.
Elle a publié plusieurs livres, dont notamment "La Maison du docteur Blanche", qui a reçu le Goncourt de la biographie, "Passage de l’Odéon", et "L’Homme qui se prenait pour Napoléon", récompensé par le Femina de l’essai. Elle écrit également une chronique régulière dans Libération.
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