Rachid Benzine
Cette terre est une litanie de représailles sur représailles, de haines empilées, de tristesse recouverte de tristesse.
Ce personnage que l’auteur observe, mis à distance par ce tutoiement qui décale le propos, est photographe. Dans les ruines de Gaza, parfois surgit le miracle, l’image de la vie au coeur de ce décor de mort. Lorsqu’il aperçoit un homme plongé dans une lecture qui l’isole du réel, devant sa boutique de libraire, le réflexe est immédiat : l’objectif se dirige vers ce sujet potentiel. Lorsqu’il demande la permission, l’homme l’invite plutôt à l’écouter, pour donner de la profondeur à l’histoire que racontera l’image. C’est ainsi que le lecteur est convié à découvrir ce que fut la vie de ce lecteur passionné et surtout comment les livres l’ont sauvé.
Un grand livre c’est un livre sans fond. Un livre d’énigmes irrésolues.
Malgré l’impression de déjà lu, (on pense au roman de Delphine Minoui, Les passeurs de livres de Daraya, où dans la même approche de l’art comme exutoire, Le quatrième mur de Sorj Chalendon), on est tout de même remué par ce parcours mortifère, et l’on ne peut que compatir en vivant à travers les mots de Rachid Benzine, ces destins confrontés années après années à la violence. L’impossibilité de se sentir quelque part chez soi, la fuite perpétuelle, la menace omniprésente, le quotidien englué dans une lutte sans merci.
« Une punition de Dieu, qui s’étire sans fin. Jour après jour. Ils se levaient avant l’aube, les os déjà lourds de fatigue »
Et pourtant ils sont tous là, les auteurs universels, les poètes, les romanciers qui offrent une trouée de bleu dans un ciel plombé.
« Comme si les mots pouvaient le sauver des bruits, de la souffrance, de la mort lente de la ville. »
Le message ne peut qu’être approuvé par tous ceux quels livres accompagnent jour après jour.
Les mots des livres déchirent tous les silences. Le lecteur est un prisonnier consentant, attaché à l’illusion que chaque page tournée le libérera.
Un roman coup de poing, une immersion en plein conflit, où malgré la menace permanente, les hommes tentent de vivre une vie ordinaire.
Merci à Netgalley et aux éditions Julliard.
125 pages Julliard 27 août 2025
#Lhommequilisaitdeslivres #NetGalleyFrance
Cette terre est une litanie de représailles sur représailles, de haines empilées, de tristesse recouverte de tristesse.
*
Un grand livre c’est un livre sans fond. Un livre d’énigmes irrésolues.
*
Une punition de Dieu, qui s’étire sans fin. Jour après jour. Ils se levaient avant l’aube, les os déjà lourds de fatigue
*
Comme si les mots pouvaient le sauver des bruits, de la souffrance, de la mort lente de la ville. »
Les mots des livres déchirent tous les silences. Le lecteur est un prisonnier consentant, attaché à l’illusion que chaque page tournée le libérera.
Né en 1971, Rachid Benzine est un intellectuel franco-marocain né le 5 janvier 1971 à Kénitra au Maroc. Spécialiste de l'islam, politologue et enseignant, il s'est également illustré comme écrivain à travers ses romans et ses pièces de théâtre. Il représente une voix majeure de l'islam libéral dans l'espace francophone.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire