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Assassins!

Jean-Paul Delfino








  • Broché : 240 pages
  • Editeur : Héloïse d'Ormesson (5 septembre 2019)
  • Existe en version numérique
  • Langue : Français












Zola, l’incontournable écrivain de la littérature française, est décédé le 29 septembre 1902. D’une intoxication à l’oxyde de carbone. Ce sont les faits, établis, dument constatés par le médecin qui a tenté en vain de le sauver lorsqu’il le trouve agonisant dans sa chambre. 

Ce qui est beaucoup moins clair, c’est l’origine de cette asphyxie létale. Et l’auteur prend le parti d’argumenter la thèse criminelle : un faisceau d’indices et le témoignage pré-mortem d’un fumiste vont dans ce sens.

On est plongé dans cette histoire, comme dans un roman de Zola, mâtiné d’une construction de polar. Zola, l’anxieux, l’hypochondriaque, pressentant peut-être une fin proche, fait le bilan de sa vie. Une réussite littéraire incontestée, même si ses dix-neuf tentatives d’accéder à l’Académie fraise se sont soldées par un échec. Une vie confortable, certes aux côtés d’une épouse peu amène, circonstances atténuantes pour tenter de justifier sa liaison avec une jeunesse à qui il laissera la charge de deux enfants? 

Zola, ce soir-là ne va pas plus mal que les autres soirs. Il essaie même de mètre sur le dos de son angoisse le malaise qu’il ressent. Mais Alexandrine qui dort près de lui ne se sent pas très bien non plus , et ce n’est pas son habitude.  

Parallèlement, on assiste aux échanges virulents des antisémites militants à l’influence croissante, et à la préméditation du geste criminel visant le défenseur de Dreyfus. La haine contre les juifs est féroce et profonde, étalée sur les pages de journaux incitant à la persécution, s’auto-stimulant par des effets de manche caricaturaux. 
Des noms, et pas les moindres,  surprennent dans l'évocation de ce parti pris de haine. 

Le roman se lit comme un thriller, avec à la fois la hâte de découvrir le dénouement, ce qui est un comble pour des faits connus et datant de plus de cent ans, et l’envie de rester en immersion dans ces pages qui nous permettre de partager la vie quotidienne d’un auteur que personnellement je situe dans le top cinq de mes écrivains préférés.



Une lecture très appréciée, alors que j'ai parcouru à ce jour les deux tiers de la saga des Rougon-Macquart.



Souvent âpre au gain, baigné d'aigreur, débordant de paranoïa, il ne laissait pas de le surprendre. Qu'il soit au firmament des ventes ou plongé dans l'obscurité, l'homme publié était persuadé de deux faits, fondamentaux pour son équilibre. D'abord, tous les journalistes travaillaient à sa perte. En  parlant peu ou mal de ses oeuvres. Voire pire, en n'en parlant pas du tout. Ensuite, il était certain que ses livres se vendaient par dizaines de milliers. cependant l'éditeur ne voulait jamais en reconnaitre que quelques centaines, dans le meilleur des cas. l'éditeur était donc un voleur.

*

Vieux, sale, répugnant, encore plus vulnérable qu'un nourrisson. Pour couronner le tout, des borborygmes secouèrent alors les entailles de ce corps et, bientôt, des gaz s'échappèrent de son fondement. Stoïque, le docteur Lenormand poursuivit son travail. Le docteur Main, quant lui, ne put réprimer une grimace de dégoût. Oui, quelle honte. quel déshonneur pour cette ultime révérence. Et quelle misère de n'être pas un pur esprit.  






Jean-Paul Delfino est un romancier et scénariste français.

Après un début de carrière dans le journalisme, il n’a cessé, depuis, dans de nombreux ouvrages, de se consacrer à ses trois passions : la littérature, le Brésil et sa musique.
(source : Babelio)

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